Le président uruguayen Jose Mujica a demandé vendredi que les États-Unis libèrent les «deux ou trois» prisonniers cubains accusés d'espionnage en échange de l'accueil dans son pays de détenus de la base de Guantanamo.

«Nous avions dit que nous demanderions quelque chose» en contrepartie de l'accueil en Uruguay de prisonniers détenus sans jugement sur la base américaine de Guantanamo, située à Cuba, que le président américain Barack Obama a promis de fermer, a indiqué M. Mujica au cours de son programme radiophonique hebdomadaire intitulé «Le président parle».

Jeudi, la presse locale avait annoncé que l'Uruguay s'apprêtait à recevoir «cinq» prisonniers de Guantanamo pour «au moins deux ans». Sans préciser leur nombre ni les modalités d'accueil, M. Mujica avait confirmé qu'ils seraient reçus sous le statut de réfugiés.

«Nous ne le faisons pas pour l'argent ou des raisons matérielles, mais nous n'avons pas honte de dire que nous avons demandé au gouvernement américain qu'il fasse son possible pour trouver un moyen de libérer ces deux ou trois prisonniers cubains qui se trouvent là-bas depuis des années, parce que cela aussi est une honte», a-t-il poursuivi.

Jose Mujica fait référence à cinq agents de services de renseignements cubains arrêtés en septembre 1998 et condamnés en 2001 pour espionnage par un tribunal de Miami en Floride, bastion de l'anti-castrisme.

Deux d'entre eux ont retrouvé la liberté. Les trois autres sont toujours incarcérés aux États-Unis.

Selon La Havane, les cinq hommes avaient infiltré les milieux anti-castristes de Floride pour prévenir des actes de terrorisme contre Cuba.

Mais les négociations avec les États-Unis sur l'accueil des prisonniers «sont loin d'être terminées», a précisé M. Mujica, dont le pays serait le premier de la région à recevoir des ex-détenus de Guantanamo.

Les transfèrements depuis Guantanamo se sont accélérés ces derniers mois avec le retour chez eux de trois Algériens, deux Saoudiens et deux Soudanais. Mais 154 détenus sont toujours à Guantanamo dans cette prison spéciale créée sous le président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

La grande majorité des détenus n'ont été ni accusés ni jugés et sont incarcérés sur des soupçons de terrorisme. Mais 75 d'entre eux avaient été déclarés libérables par l'administration Bush. Celle de Barack Obama s'est attelée depuis janvier à revoir la situation de dizaines d'autres.

Bien que le Congrès américain interdise la transfèrement des détenus sur le sol des États-Unis, il a ouvert en décembre la possibilité pour le président Obama d'ordonner des transfèrements dans des pays tiers. Cela pourrait lui permettre de tenir sa promesse de fermeture de Guantanamo.