Un millier d'agents de la brigade anti-émeute vénézuélienne ont été déployés lundi dans le quartier de Chacao, à l'est de Caracas, où des heurts quasi quotidiens opposent depuis cinq semaines forces de l'ordre et manifestants radicaux pro-opposition.

Ce déploiement est présenté par le gouvernement de Nicolas Maduro comme une opération de «libération» de ce fief de l'opposition, qui soutient un mouvement de protestation lancé début février par des étudiants contre la gestion de M. Maduro.

Chacao, quartier d'affaires et résidentiel abritant des Vénézuéliens de la classe moyenne et haute, constitue un des épicentres des violences qui ont fait 28 morts depuis un mois et demi.

Après plusieurs semaines de barricades et d'affrontements, la police a pris possession des lieux lundi à l'aube, permettant à des petits groupes d'agents de nettoyage de dégager les débris encombrant les rues, notamment autour de la Place Altamira, dont les environs sont agités chaque nuit.

En plus des effectifs patrouillant à pied, quelque 150 motocyclistes parcouraient les rues du quartier, alors que des agents de la garde nationale effectuaient des contrôles aléatoires, ont constaté des journalistes de l'AFP.

«La place Altamira et ses environs ont été libérés par le gouvernement au bénéfice de tous!», s'est réjouie sur Twitter la ministre de la Communication Delcy Rodriguez.

Depuis le 4 février, le gouvernement est la cible d'une vague de protestation sans précédent depuis l'élection de M. Maduro en avril 2013.

Ce mouvement, lancé en province par des étudiants et qui a fait tache d'huile dans tout le pays, vise à protester contre la gestion du gouvernement face à l'insécurité, la forte inflation (+57,3 %) et les fréquentes pénuries, notamment de denrées alimentaires. Les violences survenues pendant ou en marge des manifestations ont officiellement fait 28 morts et près de 400 blessés.

Visé par la grogne, le président Maduro, élu de justesse après le décès de son mentor politique Hugo Chavez (1999-2013), n'a de cesse de dénoncer une «tentative de coup d'État» fomentée avec l'aide notamment des États-Unis.

En fin de semaine dernière, le président Maduro a lancé une offensive policière dans les bastions des militants radicaux de l'opposition à Caracas, San Cristobal (nord-ouest, berceau du mouvement) et Valencia (nord). Ces opérations se sont soldées par plusieurs arrestations et la saisie d'instruments utilisés pour édifier des barricades et de produits servant à la fabrication de bombes artisanales notamment, selon le gouvernement.