Après avoir pourchassé en vain l'un des plus puissants narcotrafiquants au monde pendant des années, les autorités mexicaines ont finalement réussi à prendre au collet Joaquin «El Chapo» Guzman grâce à un téléphone mobile retrouvé dans une maison où de la drogue avait été stockée.

L'appareil appartenant à l'un des adjoints de Guzman a été découvert par le biais d'indices recueillis durant une opération d'écoute électronique menée par les États-Unis et a permis une percée dans la chasse à l'homme dont le leader du cartel de Sinaloa faisait l'objet, ont expliqué des représentants des autorités à l'Associated Press, dimanche.

L'enquête a fait un autre bond de géant après que la police eut analysé les renseignements fournis par une autre opération d'écoute électronique qui a mis les forces de l'ordre sur la piste d'un condo situé sur le bord de la mer où le légendaire baron de la drogue se terrait, selon des sources au sein des autorités américaines.

Lorsqu'il a finalement été capturé, Joaquin «El Chapo» Guzman avait un fusil d'assaut avec lui, mais n'a pas tenté de s'en servir.

Un jour après l'arrestation, il était difficile de savoir quelle serait la suite des choses pour Guzman, mis à part le fait que son cas donnera sans doute lieu à de longues et complexes procédures judiciaires visant à déterminer quel pays pourra le juger en premier.

Maintenant âgé de 56 ans, le narcotrafiquant a réussi à échapper à la police pendant plus d'une décennie après s'être évadé de prison en se cachant dans un camion de buanderie en 2001.

Joaquin «El Chapo» Guzman fera probablement face à une série d'accusations au Mexique en lien avec son rôle comme chef du cartel de Sinaloa, qui vendrait de la cocaïne, de la marijuana, de l'héroïne et de la méthamphétamine dans quelque 54 pays.

Les États-Unis envisagent l'extradition

«Nous avons l'intention de demander son extradition», a affirmé à l'AFP Robert Nardoza, porte-parole du procureur du district est de New York.

Joaquin Guzman devrait répondre de plusieurs chefs d'inculpation au Mexique pour avoir dirigé le cartel de Sinaloa, mais il a également été accusé de plusieurs délits dans plusieurs circonscriptions judiciaires des États-Unis, a poursuivi M. Nardoza.

«A l'heure qu'il est, nous ne savons pas comment nous allons procéder», a encore déclaré le porte-parole.

M. Nardoza n'a ainsi pas confirmé si une demande d'extradition allait être adressée au Mexique et quand elle allait être envoyée.

Quelque heures auparavant, le député républicain Michael McCaul avait également sollicité l'extradition du narcotrafiquant aux États-Unis afin de comparaître devant la justice américaine car «les plus gros poissons cherchent toujours à passer à travers les mailles des filets».

Joaquin «El Chapo» Guzman a été l'objet de «plusieurs inculpations dans différentes villes américaines, de New York à San Diego», a dit Michael McCaul, président du Comité de Sécurité Intérieure du Congrès, à la chaîne de télévision ABC.

«Je crois que le déroulement normal des choses voudrait que le Mexique, qui est une nation souveraine, organise un premier procès», a ajouté le député.

«Cependant, a-t-il ajouté, Guzman s'est déjà échappé de prison en 2001, ce qui prouve qu'il y a de la corruption dans ce pays».

M. McCaul a demandé dans ce contexte aux Mexicains de «considérer la possibilité d'extrader Guzman aux États-Unis où il serait placé dans une prison de haute sécurité de laquelle il ne pourrait pas s'enfuir et serait traduit en justice qui le condamnerait à la prison à vie».

«Je pense que ce serait la meilleure façon de procéder, non seulement pour le Mexique, mais aussi pour les États-Unis en garantissant que ce qui s'est produit en 2001 ne se reproduise pas».

Guzman, qui après son évasion en 2001 avait amené le cartel de Sinaloa à dominer le trafic de drogues au Mexique, a été arrêté dans la station balnéaire de Mazatlan à l'issue d'une filature de plusieurs jours par les forces de sécurité mexicaines.

L'opération, entamée il y a plusieurs mois en collaboration avec des agences de renseignement américaines, a débouché sur 13 interpellations et la saisie de dizaines d'armes feu, de deux lance-grenades, d'un lance-roquettes, de 43 véhicules dont 19 blindés, 16 maisons et quatre fermes.

Considéré comme le délinquant le plus puissant de la planète par la revue américaine Forbes, qui lui a attribué une fortune de plus d'un milliard de dollars, il s'était échappé en janvier 2001 d'une prison de haute sécurité en se cachant dans du linge sale après huit ans de détention.

Pour sa capture, l'État mexicaine offrait environ 3,2 millions de dollars, alors que les États-Unis avaient proposé une récompense de 5 millions de dollars.

A la tête du cartel de Sinaloa, «El Chapo» était l'un des principaux exportateurs de cocaïne et de marijuana aux États-Unis, mais également vers l'Europe et l'Asie.

- Agence France-Presse

Photo: Reuters