Johnny Araya, le candidat de la droite au pouvoir au Costa Rica a annoncé qu'il allait disputer en avril un second tour face au candidat surprise de la présidentielle de dimanche, le centriste Luis Guillermo Solis.

«Nous avons joué le match aller et nous préparons maintenant le match retour», a annoncé le candidat du Parti libération nationale (PLN), alors que les deux candidats étaient crédités dimanche soir d'environ 30% des voix chacun selon des résultas partiels portant sur environ 60% des bureaux de vote.

D'après ces tendances publiées par le Tribunal suprême électoral (TSE), le candidat de la gauche et autre favori des sondages José Maria Villalta n'est finalement que troisième (17,23%), largement distancé par l'homme surprise de ce scrutin, l'historien Luis Guillermo Solis (centre-gauche).

Selon le TSE, ce scrutin a enregistré une abstention record supérieure à 38%, du jamais vu depuis un demi-siècle dans ce petit pays dépourvu d'armée depuis 1948 et considéré comme un modèle de démocratie en Amérique centrale. Organisé sous la surveillance de quelque 3.500 policiers, le vote s'est déroulé sans incident.

Les électeurs renouvelaient aussi dimanche les 57 députés de l'Assemblée législative, aujourd'hui dominé par le PLN de la présidente Laura Chinchilla, première femme élue à la tête du pays en 2010.

La surprise Solis

Pour lui succéder, les sondages favorisaient - outre Johnny Araya - Jose Maria Villalta, un député du Frente Amplio («Front large», gauche) d'à peine 36 ans qui semblait en mesure de déloger le PLN et le Parti unité sociale chrétienne (PUSC, conservateur), installés à la tête du pays depuis les années 1960.

Mais c'est à la surprise générale M. Solis, professeur multidiplomé venu sur le tard au premier plan politique et investi par le Parti action citoyenne (PAC), qui affrontera au second tour l'ex-maire de San José le 6 avril prochain.

M. Solis est un universitaire et ancien responsable du PLN. Il a quitté le parti en 2005 sur un coup d'éclat, s'affirmant lassé de la corruption et du néolibéralisme s'étant emparé de ses rangs et désireux de retrouver la social-démocratie.

Pendant la campagne, il s'est posé en champion de la lutte contre la corruption et de la justice sociale, tout en se montrant pragmatique sur les thèmes de l'éducation, de la sécurité sociale, des retraites et du soutien à la production nationale.

M. Araya, qui a été maire de San José pendant 22 ans, est quand à lui parvenu à se hisser au deuxième tour en teintant son discours libéral d'un vernis social, soucieux ne pas être éclaboussé par le bilan calamiteux de sa formation, au pouvoir depuis 2006.

Agé de 56 ans, cet ancien homme de gauche corpulent converti au libéralisme s'est engagé à assurer une meilleure distribution des richesses et à compenser un des déficits publics les plus élevés du continent.

Avant l'élection, les analystes indiquaient que la pléthore de candidats (13) devait provoquer un émiettement des voix rendant peu probable une victoire dès le premier tour, pour laquelle plus de 40% des suffrages sont nécessaires.

Parmi les principaux défis qui se présentent pour le futur président, dont l'investiture est attendue le 8 mai, figurent également la faillite de l'assurance sociale, pilier de la démocratie costaricienne et le délabrement des infrastructures du pays.

Sur le plan diplomatique, il devra oeuvrer à la réconciliation avec son voisin du nord, le Nicaragua, avec lequel les conflits frontaliers se multiplient. L'enjeu est de taille, considérant les liens économiques étroits entre les deux nations et le fait que 20% de la population du Costa Rica est d'origine nicaraguayenne.