Plus de cent dissidents ont été arrêtés par les autorités cubaines, à la veille d'un sommet latino-américain, ont dénoncé dimanche des mouvements d'opposition.

Le dissident Guillermo Fariñas a ainsi affirmé à l'AFP être assigné à domicile.

«Aujourd'hui, c'est le troisième jour qu'ils ne me laissent pas sortir. Il y a un dispositif policier qui, la journée, s'éloigne d'une rue de ma maison, mais qui s'installe en face la nuit», a confié par téléphone à l'AFP Guillermo Fariñas, qui vit à Santa Clara, à 280 kilomètres à l'est de La Havane.

Selon ce psychologue de 52 ans, connu pour avoir observé 28 grèves de la faim pour demander la libération des prisonniers politiques, le régime de Raúl Castro souhaite l'empêcher de participer à un forum de l'opposition qui se tient en parallèle au sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac).

Ce second sommet des 33 pays de la Celac, organisation qui regroupe tout le continent américain à l'exception des États-Unis et du Canada, devrait se tenir mardi et mercredi à La Havane, avec la présence entre autres du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Bien que la capitale de l'île soit placée sous une surveillance policière discrète, mais accrue, 56 femmes membres du mouvement de l'opposition Damas de Blanco («Les Dames en Blanc») ont pu marcher dimanche dans le centre de la capitale cubaine, comme elles le font chaque semaine, avant d'assister à la messe à l'église Santa Rita, à l'ouest de La Havane.

«Celles qui ne sont pas présentes sont détenues», a annoncé à la presse la chef du mouvement, Berta Soler.

«Plus de cent 'Damas de Blanco' ont été convoquées, emmenées par la police» a-t-elle précisé. «Elles ont été menacées et mises en garde par les forces de répression, par la Sécurité de l'État, qu'elles ne pouvaient pas venir aujourd'hui dimanche sur la Quinta Avenida» où elles manifestent traditionnellement à La Havane.

Berta Soler comptait elle aussi participer au forum de l'opposition, tout comme le dissident politique José Daniel Ferrer, arrêté vendredi à La Havane après s'être entretenu avec des diplomates européens, avant d'être libéré dimanche près de son domicile dans le sud-est de l'île, selon Elizardo Sanchez, dirigeant de la Commission cubaine des Droits de l'Homme et de la Réconciliation nationale.

Les marches du mouvement des Damas de Blanco, lauréat du Prix Sakharov en 2005, sont les seules manifestations de l'opposition autorisées à Cuba depuis 2010 par le gouvernement de Raúl Castro, grâce à la médiation de l'Église catholique. Toute opposition au pouvoir est sinon illégale sur l'île.