Un magistrat chilien a lancé des poursuites contre neuf ex-militaires et ordonné leur placement en détention pour la disparition sous la dictature en 1973 de l'ancien prêtre et militant socialiste français Étienne Pesle de Menil, a annoncé mardi la Justice chilienne.

Ces poursuites lancées par le juge de Santiago Mario Carroza concernent des officiers et sous-officiers retraités de l'armée de l'Air, précise la décision dont l'AFP a pu prendre connaissance.

Étienne Pesle de Menil, un ancien prêtre membre du Parti socialiste et du Mouvement chrétien pour le socialisme, a disparu le 19 septembre 1973, dans la ville de Temuco, à 800 km au sud de Santiago, dès les premiers jours du coup d'État ayant porté au pouvoir le général Augusto Pinochet (1973-1990).

M. Pesle de Menil a été arrêté dans les locaux de l'Institut de développement agricole (INDAP), où il travaillait, «par une patrouille composée d'officiers et sous-officiers actifs de la base aérienne Maquehue, ainsi que d'officiers de réserve», ajoute l'argumentaire du juge Carroza.

«Ce groupe opérationnel (...) fonctionnait à l'intérieur de la base aérienne Maquehue (de Temuco) et pratiquait des arrestations dans toute cette région jusqu'à la fin de l'année 1973», d'après le magistrat.

Selon l'instruction, après son interpellation, M. Pesle de Menil a été transféré à l'intérieur de la base aérienne dans un lieu surnommé «la Tour», où les détenus étaient séquestrés sans moyen de communication avec l'extérieur et où leur trace a disparu.

Huit des neuf prévenus sont détenus sur une base aérienne de Santiago, le dernier est hospitalisé.

D'après le site Memoria Viva, dédié aux recherches sur les circonstances de la mort ou de la disparition des victimes de la dictature de Pinochet, Étienne Pesle de Menil avait obtenu la nationalité chilienne, était marié et père de deux enfants.

Lors de son arrestation, il se consacrait à la réforme agraire décidée par le président socialiste Salvador Allende, renversé par Pinochet le 11 septembre 1973.

Sa disparition aux côtés de trois autres ressortissants français au Chili a été jugée par contumace en France, et 12 anciens agents de la dictature ont été condamnés en décembre 2010 à des peines allant de 15 ans de prison à la détention à perpétuité.

En novembre 2013, la juge chilienne Rose Maria Maggi avait refusé l'extradition en France des suspects, estimant qu'il revenait à la justice locale de les juger.

Outre M. Pesle, Georges Klein, conseiller du président Allende, Alphonse Chanfreau, dirigeant du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) et Jean-Yves Claude, militant du MIR disparu à Buenos Aires, figurent parmi les autres victimes françaises de la dictature chilienne.

Augusto Pinochet est décédé le 10 décembre 2006 à Santiago sans jamais avoir été jugé. La dictature a fait officiellement plus de 3200 morts et disparus.