Après sept premiers mois délicats, le président vénézuélien Nicolas Maduro est parvenu dimanche à passer son premier test électoral lors des municipales en maintenant la domination de son parti dans une grande partie des villes du pays.

Le parti socialiste au pouvoir a emporté 196 municipalités, contre 53 pour la coalition de l'opposition. Celle-ci conserve toutefois le contrôle des deux principales villes du Venezuela, a annoncé dimanche soir le Conseil national électoral (CNE).

Selon ces résultats portant sur plus de 97% des suffrages, 80 mairies n'ont pas encore été attribuées et seulement huit sont tombées aux mains d'autres formations politiques.

Au niveau national, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) du président Nicolas Maduro a recueilli 49,2% des suffrages, soit un total de 5,1 millions de voix, a annoncé la présidente du CNE Tibisay Lucena.

«Le peuple du Venezuela vient d'annoncer au monde que la révolution bolivarienne (prônée par le défunt Hugo Chavez) se poursuit encore plus forte», s'est réjoui M. Maduro dimanche soir lors d'un meeting organisé Place Bolivar, dans le centre de Caracas.

«L'amour l'a emporté sur la haine, la vérité sur le mensonge», s'est-il encore emporté, avant d'appeler le leader de l'opposition Henrique Capriles à quitter sa coalition après quatre défaites électorales consécutives.

«Quelque-chose doit être très clair aujourd'hui. Personne n'est propriétaire du Venezuela. Le Venezuela a besoin d'unité et de dialogue», a répondu M. Capriles sur son compte Twitter.

Une participation supérieure aux attentes

La Table de l'unité démocratique (MUD), principale coalition de la droite, a obtenu 42,7% des voix (4,4 millions), pour une participation estimée par le CNE comme supérieure aux attentes, à 58,92%.

Le scrutin, qui s'est déroulé sans incident, faisait figure de premier test électoral pour la gestion de M. Maduro, élu de justesse en avril dans l'ombre de Hugo Chavez -décédé d'un cancer en mars - et confronté depuis à une situation économique délicate.

Perçu au début de son mandat comme impuissant face aux pénuries, à l'inflation galopante (54% depuis janvier) et à l'explosion du dollar sur les marchés parallèles, M. Maduro s'était démené ces dernières semaines pour reprendre la main sur l'économie du pays aux plus importantes réserves mondiales de pétrole.

Le 20 novembre, il a obtenu du Parlement de pouvoir légiférer par décret pendant un an afin de lutter contre la corruption et répondre à la «guerre économique» déclenchée selon lui par des secteurs de l'opposition avec l'appui de Washington et de certains acteurs économiques.

Autoproclamé «président justicier», M. Maduro a immédiatement pris une série de mesures pour forcer la baisse de certains prix, notamment de l'électroménager et des véhicules, et menacer les spéculateurs de prison.

Un volontarisme teinté de populisme qui semble avoir touché son électorat, selon des sondages diffusés avant les élections.

La ville natale de Chavez tombe aux mains de l'opposition

De son côté, si elle progresse au niveau local, la droite aura probablement du mal à atteindre son objectif d'une centaine de municipalités.

Mais elle est parvenue à conserver sa majorité sur les deux plus grandes villes du pays: Caracas, Maracaibo (nord-ouest) et à conquérir les trois autres villes principales, Valencia (nord), Iribarren de Barquisimeto et San Christobal (nord-ouest).

A Maracaibo, ville pétrolière de la côte caraïbe, la candidate de la MUD Eveling Trejo apparaissait pourtant en posture délicate dans les sondages face au jeune socialiste Miguel Perez Pirela. Le maire de la Grande Caracas, Antonio Ledezma, a également été réélu.

Par ailleurs, la MUD peut s'enorgueillir d'avoir emporté une victoire forte en symbole dans l'ouest du pays, à Barinas, ville natale de Hugo Chavez (1999-2013).

Après avoir voté, Henrique Capriles, qui conteste toujours sa courte défaite (1,49% des voix) à la dernière présidentielle, a réitéré ses accusations de «prosélytisme honteux» conduit selon lui par M. Maduro sur les médias d'État pendant la campagne.

L'opposant a également dénoncé de nombreux ralentissements dans les opérations de vote et plusieurs cas de machines à voter dégradées.