Le Venezuela vote dimanche pour des élections municipales aux allures de référendum sur la gestion du président Nicolas Maduro, en butte à une forte inflation et de fréquentes pénuries après avoir été élu de justesse en avril dernier.

L'héritier politique de Hugo Chavez, décédé en mars d'un cancer, s'est démené ces derniers mois pour apparaître comme un homme d'action face à l'économie chancelante d'un pays abritant pourtant les plus importantes réserves pétrolières au monde.

Le 20 novembre, il a obtenu du Parlement le pouvoir de légiférer par décret pendant un an pour lutter contre la corruption et répondre à la «guerre économique» déclenchée selon lui par des secteurs de l'opposition avec l'appui de Washington.

M. Maduro, qui s'est autoproclamé «président justicier», a immédiatement pris une série de mesures pour forcer la baisse des prix, notamment de l'électroménager et des véhicules, et menacer les spéculateurs de prison.

Quelques jours avant le scrutin, les sondages privés auxquels l'AFP a eu accès révèlent que le volontarisme affiché et ces mesures teintées de populisme sont favorablement accueillies par la classe moyenne, qui serait finalement moins encline que prévu à pénaliser le parti socialiste au pouvoir dans les urnes.

«Maduro semble gouverner pour la première fois (depuis son élection). Maintenant, les discours sont assortis d'actions, on le voit comme un président qui est en mesure de prendre une décision même si elle ne lui plait pas, qui prend le taureau par les cornes», explique à l'AFP le politologue Luis Vicente Leon.

Et alors que le pays accuse une inflation record de 54 % depuis janvier et fait face à des pénuries de biens de première nécessité et à l'explosion du dollar sur les marchés parallèles (jusqu'à neuf fois le cours officiel), «un paradoxe incroyable apparaît : celui qui tire un avantage de la crise, c'est Maduro», soutient M. Leon.

En effet, abonde son confrère Miguel Velarde, de l'institut Alpha Politikos, les derniers développements dans le domaine économique «ont renforcé la confiance dans les leaders politiques».

«Un moment historique» pour l'opposition

Pour la Table de l'unité démocratique (MUD), la principale coalition de l'opposition, ces élections dans 337 municipalités seront tout autant déterminantes pour son avenir. Et son leader libéral Henrique Capriles, battu de seulement 1,49 % des voix en avril face à M. Maduro, a qualifié le scrutin de «moment historique» pour mesurer le rapport de forces après 14 années de gestion «chaviste».

«Nous devons être fidèles à notre volonté de changement et l'exprimer de façon écrasante», a exhorté le gouverneur de l'État de Miranda dans l'un de ses derniers discours de campagne.

Pour l'opposition, qui contrôle une cinquantaine de municipalités, le doublement de ses mairies constituerait un résultat satisfaisant, même si cela en laisserait environ 230 au Parti socialiste, très bien implanté localement.

Mais son plus grand défi réside dans le maintien de sa domination sur les grandes villes, et surtout sur la «super-mairie» de la Métropole de Caracas (composée de cinq communes) et la ville côtière et pétrolière de Maracaibo.

Si à Caracas l'opposant Antonio Ledezma devrait sauf surprise se maintenir en place face à l'ex-ministre de la Communication Ernesto Villegas, les pronostics sont moins optimistes pour l'opposition à Maracaibo.

La maire sortante Eveling Trejo, pointée du doigt pour la mauvaise gestion, apparaît en position délicate face au jeune candidat socialiste Miguel Perez Pirela, un docteur en philosophie francophile de 36 ans devenu célèbre par ses apparitions dans un programme de la télévision d'État.

Pour ces municipales, le parti au pouvoir a également fait appel à des figures populaires telles que les ex-joueurs de baseball de la prestigieuse Ligue majeure de Baseball américaine (MLB) Magglio Ordoñez et Antonio El Potro Alvarez, ou l'ancien présentateur de télé-réalité Winston Vallenillas.

Mais en dépit de l'intense campagne menée ces dernières semaines, le gouvernement refuse d'évoquer un «référendum» sur sa gestion, d'autant plus que les pouvoirs des municipalités sont très limités au Venezuela.