Des milliers de femmes ont manifesté vendredi à Bogota lors d'une marche en faveur de la paix en Colombie en proie à un conflit armé de près d'un demi-siècle, mais aussi pour la parité, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Je suis une femme et la paix est la mienne» ou encore «Je suis une femme et je crois à la paix avec la justice sociale», pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestantes, qui ont parcouru le centre historique de la capitale.

Cette marche intervient un an après l'ouverture de négociations entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Les pourparlers se déroulent à Cuba, pays garant du processus de paix, en l'absence d'un cessez-le-feu sur le terrain en Colombie.

L'initiative de la manifestation de Bogota a reçu le soutien de la mairie, dirigée par Gustavo Petro, un ancien membre de la guérilla nationaliste - aujourd'hui dissoute -  du M19.

Les bus de la capitale avaient inscrit la formule «Femme et paix» sur leur enseigne lumineuse, tandis que le cortège était encadré par des policières.

Quelques hommes se sont aussi glissés dans le défilé, vêtus de chemises portant l'inscription «Les mâles contre le machisme». Des militants de la cause gaie et des travestis ont aussi manifesté en faveur des droits pour leur communauté.

L'objectif de la manifestation est de gagner le droit au «respect», a expliqué à l'AFP Paoloa Andre Jimenez, une femme d'origine indigène, venue depuis la province du Cauca (sud-ouest), l'une des plus secouées par le conflit.

«On est en train de tuer nos maris et nos enfants. Nous nous retrouvons seules», a lancé cette mère d'un garçon de 10 ans et d'une fille de deux ans. «Le futur ne doit appartenir à aucun groupe armé», affirme-t-elle tout en se disant réservée sur l'issue des négociations avec les FARC qui «se mènent de manière très secrète».

«Il faut faire plus. Et commencer par s'occuper des guérilleros qui sont sur les différents fronts, ainsi que de leurs familles. Il faut penser au secteur rural. On a besoin d'égalité», a réclamé une autre manifestante, Luisa Ojeda, une maîtresse de 53 ans, selon qui les femmes ont en outre «une faible représentativité» dans le pays.

Le conflit interne, qui a mêlé des guérillas communistes, des milices paramilitaires aujourd'hui dissoutes et des bandes criminelles, a fait plusieurs centaines de milliers de morts et autour de 4,5 millions de déplacés en Colombie.

Fondées en 1964, dans la foulée d'une insurrection paysanne, les FARC, la rébellion la plus ancienne d'Amérique latine, compte encore selon les autorités près de 8000 combattants, essentiellement repliés dans les zones rurales.