Le gouvernement colombien a annoncé mardi avoir découvert que la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie préparait un attentat contre l'ex-président conservateur du pays Alvaro Uribe, dont la sécurité sera renforcée.

«Sur instructions du président Juan Manuel Santos, ce matin (mardi), au côté du directeur de la police, le général (Rodolfo) Palomino, j'ai rencontré l'ex-président Alvaro Uribe pour l'informer d'un plan visant à attenter à sa vie, (préparé) par le front mobile Teofilo Forero des FARC», a déclaré à la presse le ministre de la Défense Juan Carlos Pinzon.

«Le président Santos a ordonné qu'en plus du dispositif actuel de sécurité de l'ex-président Uribe et de sa famille, qui comprend 300 personnes, tout le nécessaire soit fait pour garantir la sécurité et l'intégrité de l'ancien président et pour le protéger, ainsi que pour retrouver les responsables de ces menaces», a ajouté le ministre.

Aucun autre détail n'a été divulgué sur la nature des menaces pesant sur Alvaro Uribe.

«Il faut continuer cette lutte», a réagi celui-ci devant la presse à Bogota. Interrogé sur une prudence accrue lors de ses déplacements, il a répondu : «Oui, il faut l'être. (J'ai) un grand devoir envers la générosité que les Colombiens m'ont témoigné, durant mes huit ans à la présidence».

«Je suis grand-père, mais j'ai encore de l'énergie. Comment ne pas la dépenser en travaillant pour nos compatriotes?», a-t-il demandé.

Le président du Congrès, Juan Fernando Cristo, a lui qualifié la nouvelle de «très grave».

«Il faut attendre les détails, de quel genre d'attentat il est question. Mais si cela était confirmé, il faut exiger des négociateurs (aux discussions de paix) à La Havane qu'ils livrent une explication au pays», a-t-il ajouté devant la presse.

Principal adversaire de la paix avec les FARC

Toujours populaire, ancien président (2002-2010) à la main de fer contre les guérillas de gauche en activité dans le pays M. Uribe, 61 ans, est le principal opposant aux actuels pourparlers de paix menés entre les FARC et le gouvernement à Cuba depuis un an.

Ces pourparlers ont été initiés par son successeur à la présidence et ancien ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, qu'il qualifie désormais de «traître».

Souvent accusé de collusion avec les milices paramilitaires d'extrême droite qui ont ensanglanté le pays dans les années 80 et 90, Alvaro Uribe a fait part de son intention de se présenter aux élections sénatoriales de 2014. Il réside dans sa région natale d'Antioquia (nord-ouest).

Ces milices ont pris leur essor dans les années 1980, officiellement pour défendre les propriétaires terriens contre les guérillas de gauche. Elles ont peu à peu dominé des pans entiers du territoire colombien avec la complicité de l'armée et assassiné des milliers de civils.

En mai, un juge argentin avait affirmé qu'une bombe avait été découverte et désamorcée dans une salle ou M. Uribe devait participer à une conférence à Buenos Aires.

Avec environ 8000 combattants selon les autorités, les FARC (marxistes) sont la plus ancienne guérilla du continent, en activité depuis près d'un demi-siècle.

Le front Teofilo Forero est l'un des plus actifs de la guérilla. Le 1er novembre, les forces armées colombiennes ont créé une unité spéciale dédiée à le combattre et à la capture de son chef, «El Paisa», dont la tête est mise à prix pour 700 000 $.

Deux des cinq points à l'ordre du jour des pourparlers de paix à La Havane, considérés comme cruciaux, ont déjà donné lieu à un accord partiel : le développement rural et la participation de la guérilla à la vie politique.