La coalition présidentielle de Cristina Kirchner se maintient comme la première force politique d'Argentine à l'issue des législatives partielles de dimanche mais les partis d'opposition se renforcent et s'imposent dans les cinq plus grandes provinces du pays.

Après dix ans de pouvoir Kirchner, ces élections de mi-mandat marquent le début de la course à la présidentielle de 2015.

Les résultats préliminaires du ministère de l'Intérieur (72% des suffrages dépouillés), le Front pour la victoire (FPV), formation péroniste de centre gauche qui a porté Mme Kirchner au pouvoir, conserve la majorité absolue à la chambre des députés (131 sièges sur 257). Le chef de cabinet de la présidente Juan Manuel Abal Medina a ajouté que le FPV gardait aussi le contrôle du Sénat.

La perte par le FPV de la principale province du pays, celle de Buenos Aires (près de 40% de l'électorat national), qui entoure la capitale, était attendue. Le Front rénovateur du péroniste dissident Sergio Massa a devancé le candidat du FPV Martin Insaurralde de 13 points.

En gagnant cette circonscription-clé et fief électoral du pouvoir, Massa, ancien chef de cabinet de la présidente, se positionne comme un candidat à l'investiture péroniste pour la présidentielle de 2015.

Créé il y a quelques mois, le Front rénovateur de cet homme politique de centre droit, âgé de 41 ans, ne présente pas de listes dans les autres provinces.

En Argentine, l'opposition est fragmentée et régionalisée, incapable de s'adjuger une majorité dans ce scrutin de listes.

Dans la province industrielle de Cordoba, une autre formation péroniste dissidente s'impose. Les socialistes arrivent en tête dans celle de Santa Fe, région où on cultive et transforme le soja, l'Union civique radicale (UCR) de l'ex-président Raul Alfonsin (1983-1989) gagne dans celle de Mendoza, et dans la capitale, le PRO (Proposition républicaine, conservateur) s'affiche comme le premier parti.

Dans les 19 autres provinces, la coalition présidentielle, d'obédience péroniste, du nom de l'ancien président Juan Peron (1946-1955, 1973-1974), devait engranger l'essentiel des sièges.

Le vice-président Amado Boudou, qui assure l'intérim à la tête du pays pendant la convalescence de Mme Kirchner,

«Le Kirchnérisme va dire qu'il a gagné car il continue d'avoir plus de vote au niveau national, mais ce qui compte c'est la province de Buenos Aires. C'est ce qui fait dire que c'est une victoire de l'opposition et pas du gouvernement», considère le politologue Rosendo Fraga.

Elue en 2007 et réélue dès le 1er tour en 2011, Cristina Kirchner, 60 ans, a suivi le scrutin depuis sa résidence d'Olivos, faubourg bourgeois au nord de Buenos Aires, où elle est au repos forcé après une intervention chirurgicale. Absente du paysage médiatique durant les trois dernières semaines de campagne, elle n'a pas voté dimanche, car elle est interdite de déplacements pendant sa convalescence et ne pouvait pas se rendre en Patagonie (sud), où elle est inscrite sur les listes électorales.

Le scrutin législatif apparait comme un vote-sanction pour le kirchnérisme, au pouvoir depuis 2003, même s'il parvient à conserver le contrôle du Congrès.

Cristina Kirchner a poursuivi la politique de son mari Nestor Kirchner (2003-2007), qui a sorti l'Argentine de la grave crise économique de 2001, axée sur la lutte contre la lutte contre la pauvreté. Elle a nationalisé la compagnie pétrolière YPF (ex-filiale de Repsol), imposé un contrôle strict des flux de devises et des importations, fortement taxé les exportations, notamment le soja, suscitant le mécontentement des milieux d'affaires qui réclament une dévaluation du peso, qui s'affaiblit face au dollar.

L'inflation dépasse les 20% depuis des années, et faute de pouvoir épargner, les Argentins consomment. Les ventes de voitures explosent. Après un ralentissement en 2012, la croissance se situe au-dessus de 5% depuis le début 2013. L'agriculture demeure le pilier de l'économie, assurant une rentrée vitale de devises.

A deux ans de la présidentielle, les péronistes, mouvance qui rassemble du centre gauche à la droite, se mettent en ordre de bataille avec l'investiture présidentielle comme objectif. Mme Kirchner ne peut pas briguer de 3e mandat, la constitution n'autorisant qu'une réélection.

Sergio Massa espère rallier le péronisme à sa cause. Le camp Kirchner, quant à lui, semble miser pour la présidentielle sur Daniel Scioli, le gouverneur de la province de Buenos Aires.

Pour la première fois, les jeunes de 16 à 18 ans -600 000 des 30 millions d'électeurs- étaient appelés aux urnes.