L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva a condamné l'action des groupes masqués qui plongent dans la violence les manifestations sociales pacifiques au Brésil: «Je n'ai jamais mis de masque parce que je n'ai jamais eu honte de ce que je faisais!», s'est-il à cet égard exclamé.

Selon le quotidien O Globo de samedi, Lula, ancien ouvrier métallurgiste et ex-syndicaliste qui a dirigé les grandes grèves à la fin de la dictature, s'est prononcé vendredi soir pour des manifestations sans violences ni destruction de biens.

«Les manifestations de rue sont importantes parce qu'elles font partie du processus démocratique dans le pays. Mais j'ai conduit les plus grandes marches de travailleurs et on n'a jamais rien cassé. Il faut respecter le patrimoine des autres», a dit Lula à l'association commerciale Fecomercio.

«Je n'ai jamais mis de masque parce que je n'avais pas honte de ce que je faisais, jamais!», a souligné l'ex-président, fondateur en 1980 du Parti des travailleurs (PT-gauche, au pouvoir).

Lula a en outre critiqué l'abandon de l'action politique.

«Il n'y pas d'issue en dehors de la politique. La politique garantit la démocratie. La politique garantit l'alternance du pouvoir. Ce n'est qu'à travers la politique et la démocratie qu'un ouvrier comme moi a pu arriver à la présidence; qu'un Indien y est arrivé en Bolivie et un Noir aux États-Unis», a poursuivi Lula.

«Sans cela, c'est le fascisme; c'est le nazisme, la dictature», a-t-il souligné.

Mardi soir à Rio, une manifestation pacifique d'enseignants a dégénéré en heurts violents entre les policiers et quelque 600 anarchistes des Black Blocs et autres membres de groupes radicaux qui ont incendié une voiture de police et saccagé des agences bancaires.

Ces groupuscules ont commencé à faire parler d'eux pendant la fronde sociale qui a secoué en juin le Brésil contre la hausse des coûts des transports, les dépenses jugées excessives engagées pour l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014 et la corruption. Mais c'est quand le mouvement social est devenu plus sporadique que les Black Blocs ont radicalisé leurs actions, essentiellement à Rio et Sao Paulo, face à une police mal formée connue pour sa brutalité dans les manifestations.

Mardi, 190 manifestants radicaux ont été arrêtés et, jeudi, 84, dont 20 mineurs, étaient toujours en détention provisoire. Vendredi, les juges de Rio ont remis en liberté 31 manifestants jusqu'à leur procès. Tous ont été mis en examen dans le cadre de la loi du 15 septembre dernier qui renforce les peines pour les délits comme les dommages causés aux biens, la formation de bande armée, le vol et l'incendie.