L'État vénézuélien a lancé une procédure administrative contre la chaîne de télévision privée Globovision pour avoir diffusé un reportage sur les pénuries frappant le pays qualifié de potentiellement «angoissant» pour la population, a annoncé la chaîne lundi.

La Commission nationale des télécommunications (Conatel, publique) a entamé cette procédure après que samedi le président de la République Nicolas Maduro eut demandé au parquet général de «punir» les médias provoquant des «achats compulsifs» alors que le gouvernement tente de pallier les pénuries.

Globovision a indiqué sur son site internet que la Conatel, qui régit les médias vénézuéliens, a lancé son action en raison de «l'angoisse potentiellement causée à la population par la diffusion de son programme Caso de Investigación», a précisé la chaîne, citant la notification de la Conatel.

Diffusée dimanche, l'émission «a présenté des informations liées à la pénurie supposée (...) de véhicules comme de produits alimentaires dans le pays, au cours des dernières semaines», a déclaré à la presse le directeur de la Conatel, Pedro Maldonado.

La chaîne, qui dispose de 10 jours pour présenter sa défense, avait exposé dans son émission «les difficultés vécues par certains Vénézuéliens pour se procurer certains aliments du panier de consommation de base».

Si «le délit de provocation à l'anxiété» était constitué, la chaîne encourrait une amende représentant jusqu'à 10% de ses revenus bruts sur l'exercice fiscal antérieur à la commission de l'infraction.

Il s'agit de la première procédure administrative à l'encontre de Globovision depuis son rachat en début d'année par des actionnaires locaux proches des milieux boursiers et du secteur des assurances, qui selon l'opposition au gouvernement de M. Maduro sont liés à des hautes figures du pouvoir en place.

Suite à ce rachat, la chaîne avait «recentré» sa ligne éditoriale et s'était séparée de plusieurs animateurs et journalistes trop critiques vis-à-vis de la ligne gouvernementale.

Présente à l'antenne depuis 1994, Globovision, dernière chaîne d'opposition à grande écoute au Venezuela, est coutumière des amendes et procédures administratives, et a plusieurs fois été menacée de fermeture par l'ancien président Hugo Chavez, décédé en mars.

Le reportage mis en cause a été diffusé alors que le pays, dont l'économie essentiellement importatrice repose sur les revenus du pétrole, subit régulièrement des pénuries de produits alimentaires et de consommation courante.