La police anti-émeute est intervenue vendredi après-midi sur la place centrale de Mexico, le «Zocalo», pour déloger les derniers enseignants qui l'occupaient afin de permettre la tenue des festivités du jour de l'Indépendance dimanche et lundi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Des affrontements entre manifestants et policiers ont fait au moins 40 blessés, selon diverses sources.

Plusieurs centaines de membres de la police fédérale sont intervenus, après l'ultimatum lancé par les autorités aux enseignants, mais rejeté par des responsables de la Coordination nationale des travailleurs de l'enseignement (CNTE), la fraction la plus radicale du syndicat national (SNTE).

La majorité des quelques milliers d'occupants de la place avait déjà quitté les lieux lorsque la police est intervenue, après de brefs affrontements, pour déloger les quelque 200 irréductibles présents sur le Zocalo, où sont situés la cathédrale de Mexico et le Palais national.

Ces manifestants, pour nombre d'entre eux masqués, armés de barres de fer ou de manches de bois, ont lancé des cocktails Molotov et des pierres contre la police, qui a utilisé des lances à eau et des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Le Zocalo a été dégagé en moins de 30 minutes selon un photographe de l'AFP, mais quelques heurts ont eu lieu dans les rues avoisinantes.

Vingt-neuf personnes ont été interpellées par la police, a indiqué la Commission nationale de sécurité, qui a également fait état de 11 blessés dans les rangs de la police.

De son côté, la Croix-Rouge mexicaine a rapporté le chiffre de 29 manifestants blessés dans les affrontements.

Les services de nettoyage de la ville ont pris possession des lieux une heure après le début de l'intervention policière.

Les autorités gouvernementales avaient averti à plusieurs reprises que les célébrations de l'indépendance auraient lieu comme prévu dimanche et lundi sur le Zocalo.

C'est là que dimanche soir, des milliers de Mexicains devraient se rendre pour écouter le président de la République lancer le «Cri de l'indépendance», «Viva Mexico!», depuis un balcon du Palais national, pour célébrer le début en 1810 de la lutte l'indépendance. Lundi doit s'y dérouler un défilé militaire.

Depuis la rentrée scolaire le 19 août, le mouvement entamé il y a plusieurs mois par les enseignants de régions démunies du pays s'est intensifié. Les enseignants de la CNTE ont organisé de nombreuses manifestations dans la capitale, bloquant parfois la circulation pendant des heures et interdisant certains jours l'accès à l'aéroport ou aux assemblées parlementaires.

Un vaste campement de plusieurs centaines de tentes était dressé depuis plusieurs semaines sur le Zocalo.

La réforme éducative, première grande réforme du président Enrique Peña Nieto investi en décembre 2012, fait partie d'un «Pacte pour le Mexique», programme de réformes élaboré par les trois principaux partis mexicains.

Inscrite dans la Constitution, cette réforme, dont la loi d'application a été promulguée cette semaine, vise à améliorer la qualité de l'éducation, notamment en instaurant un système d'évaluation périodique des enseignants déterminant leur progression salariale et leur carrière.

Les maîtres de la CNTE, dont la majorité vient des zones les plus pauvres du sud du Mexique, s'opposent à cette évaluation qui pourrait, selon eux, conduire à des licenciements arbitraires.