Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues des principales villes du Brésil samedi, Jour de l'Indépendance, dans l'espoir de retrouver l'élan de la fronde sociale qui a secoué le pays en juin.

Des heurts se sont notamment produits entre manifestants et policiers à Brasilia, Rio de Janeiro et Sao Paulo, faisant des dizaines de blessés et entraînant de nombreuses arrestations.

Les manifestations ont été convoquées sur les réseaux sociaux dans 135 villes, mais ont rassemblé  beaucoup moins de monde qu'en juin quand plus d'un million de jeunes avaient pris d'assaut les rues pour réclamer l'amélioration des services publics et la fin de la corruption en politique. Ils s'élevaient aussi contre les sommes colossales investies dans l'organisation de la Coupe du Monde en 2014 au Brésil.

Selon un décompte du site d'information en ligne G1, quelque 17 000 personnes ont manifesté samedi à travers le pays.

«Nous sommes revenus dans les rues pour rappeler aux autorités nos revendications de juin: la fin de la corruption, de meilleurs transports, santé et éducation», a déclaré à l'AFP Ivana Ariel, une étudiante de Brasilia.

Après avoir dénoncé la corruption de la classe politique devant le Parlement, des centaines de manifestants ont tenté de forcer le barrage policier qui protégeait à Brasilia le stade Mané Garrincha avant le match amical de football Brésil-Australie que la Seleçao a remporté 6-0. Ils ont été repoussés par la police avec des gaz lacrymogènes.

Poursuivis par la police montée, les manifestants ont répondu en lançant des pierres,  transformant la principale voie d'accès au stade en un champ de bataille envahi par la fumée des gaz lacrymogènes.

«Je renonce au Mondial et je veux de meilleurs systèmes d'éducation et santé», était l'une des devises des manifestants samedi.

Plus tard, la police a de nouveau lancé gaz lacrymogènes et jets d'eau sur les protestataires massés à 500 mètres du Parlement.

La police a également attaqué avec des vaporisateurs de poivre un groupe de journalistes  -dont un photographe de l'AFP qui a dû être soigné à l'hôpital- qui protestaient parce qu'un de leurs collègues avait été mordu par un chien policier.

Au moins 39 personnes ont été arrêtées dans la capitale du pays, selon la police.

Heurts aussi à Rio et Sao Paulo

À Rio et Sao Paulo, les affrontements entre policiers et manifestants ont redoublé à la tombée de la nuit, dirigés par des membres encagoulés du groupe anarchiste Black Bloc.

Au centre de Sao Paulo, trois manifestants ont été renversés par un automobiliste qui tentait d'échapper à la manifestation. Les protestataires ont saccagé des agences bancaires et mis le feu à des poubelles pour faire des barricades et détruit une voiture de police, selon la police citée par le site d'information G1. 39 personnes ont été arrêtées, selon la même source.

À Rio, la police a dispersé en soirée avec des gaz lacrymogènes quelque 300 manifestants qui tentaient de s'approcher du Palais du gouverneur de l'État dans le quartier de Laranjeiras. Des abris de bus et des panneaux de signalisation ont été détruits par les manifestants qui ont aussi mis le feu aux poubelles.

Les mobilisations avaient commencé tôt le matin dans le pays, en marge des défilés militaires du jour de la Patrie.

À Rio, une centaine de manifestants, dont plusieurs étaient masqués en dépit de l'interdiction décrétée par la justice, ont envahi le défilé militaire organisé sur une avenue centrale, créant une grande confusion. La police a riposté avec des gaz lacrymogènes et une partie du public a pris la fuite.

Au moins quatorze personnes ont été blessées et 80 manifestants arrêtés, selon G1.

La sécurité a été renforcée dans toutes les villes et notamment à Brasilia où la présidente Dilma Rousseff a assisté au traditionnel défilé militaire qui s'est déroulé dans le calme, mais que le public a boudé.

Vendredi soir, Mme Rousseff -dont la popularité a chuté de 63% à 30% après les manifestations de juin- a reconnu dans une allocution télévisée que le pays avait des problèmes «urgents» à résoudre, mais a appelé à moins de pessimisme et à faire valoir les progrès obtenus dans le pays.

Dans d'autres grandes villes du pays les manifestations ont été moins violentes, mais à Salvador, Fortaleza, Belo Horizonte et Cuiaba des dizaines de personnes ont été interpellées.