Après une série de conflits sociaux en Colombie, le chef de l'État, Juan Manuel Santos, a opéré jeudi soir un remaniement ministériel, en promettant un «gouvernement d'unité pour la paix», à moins d'un an de la présidentielle.

M. Santos, probable candidat à sa réélection en 2014, a annoncé le changement de cinq ministres sur 16, ceux de l'Intérieur, de la Justice, de l'Agriculture, des Mines et de l'Environnement, lors d'une allocution télévisée depuis le palais présidentiel à Bogota.

«Aujourd'hui je veux annoncer au pays la formation d'un nouveau cabinet ministériel, un cabinet d'unité pour la paix», a-t-il déclaré. «Nous devons être un gouvernement proche du citoyen, proche des communautés, proche des régions, capable d'entendre et d'anticiper», a-t-il poursuivi.

Cette décision survient alors que le pouvoir traverse une crise sans précédent depuis l'élection en 2010 de ce dirigeant de centre droit, confronté à un important mouvement de protestation paysanne.

La situation a également suscité des tensions dans le cadre des négociations engagées par M. Santos pour mettre fin à un demi-siècle de conflit avec la guérilla marxiste de Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), autre point clé en vue de la prochaine présidentielle.

Les pourparlers se déroulent depuis novembre dernier à Cuba entre représentants du gouvernement colombien et de la guérilla, qui compte encore quelque 8000 combattants selon les autorités.

«La construction de la paix va demander une grande mobilisation citoyenne», a lancé le président colombien qui prône un référendum pour valider un éventuel accord de paix, appelant à ouvrir «de nouveaux espaces de participation».

Les ministres avaient eux-mêmes proposé lundi leur démission collective, en guise de soutien au président, dont la cote de popularité a atteint son plus bas niveau, avec à peine plus de 20%.

Le nouveau titulaire du portefeuille de l'Agriculture, Aurelio Irragorri, a été l'un des artisans des négociations avec le secteur rural ayant conduit à un relatif apaisement avec la levée de barrages qui ont paralysé le pays pendant deux semaines.

Lancée mi-août et soutenue par les Farc, la grogne des paysans, qui réclament davantage de moyens, un meilleur accès à la terre et la révision d'accords internationaux de libre-échange, avait été rejointe par celles d'autres corporations comme les camionneurs, les mineurs indépendants, avec le soutien des étudiants et des centrales ouvrières.

Des manifestations organisées il y a une semaine ont été émaillées de violence, notamment à Bogota et à Medellin, seconde ville au nord-ouest du pays, avec un bilan d'au moins deux morts, près de 150 blessés et 40 arrestations.

À la suite de cette flambée de tensions, le président Santos, qui avait dans un premier temps minimisé le mouvement, s'était résolu à envoyer des troupes militaires pour sécuriser la capitale.