Des dizaines de milliers d'enseignants ont manifesté mercredi à Mexico et dans plusieurs autres villes du Mexique après l'adoption à une large majorité par le Sénat de la loi d'application de la réforme éducative, déjà votée par les députés.

Ces manifestations ont eu lieu à l'appel de la Coordination nationale des travailleurs de l'enseignement (CNTE)- une fraction dissidente du syndicat national (SNTE)- qui estime que la nouvelle loi ouvre la porte à des licenciements d'enseignants et ne prend pas en compte les conditions particulières d'enseignement dans les zones les plus pauvres du Mexique.

Au cours des dernières semaines, les enseignants opposés à cette loi ont perturbé la vie de Mexico par des blocages temporaires des accès au Parlement et au Sénat, vers l'aéroport ou les principales avenues de la capitale.

La loi votée par les sénateurs mercredi à l'aube prévoit un contrôle régulier des enseignants dont peuvent dépendre leurs augmentations de salaire, le déroulement de leur carrière et même le maintien dans leur poste.

Selon le gouvernement, cette loi va mettre fin à un système donnant un rôle décisif aux organisations professionnelles dans l'embauche et les salaires des enseignants.

Le ministre de l'Éducation, Emilio Chuayffet, a assuré mercredi qu'avec cette réforme allait être mis fin «à l'héritage et à la vente des postes» de la part d'organisation d'enseignants, pour laisser place au seul mérite.

La nouvelle loi prévoit qu'à partir de juillet 2014, les professeurs seront soumis à des «évaluations» professionnelles tous les quatre ans.

Au cas où trois évaluations sont négatives, le fonctionnaire devra exercer d'autres fonctions que celles d'enseignant, notamment dans l'administration, ou se verra offrir la possibilité d'une retraite anticipée.

«Nous sommes dans une phase de résistance parce que nous allons ignorer les soi-disant évaluations», a dit à l'AFP Norma Cruz Vaszquez, une des représentantes de la CNTE dans l'État d'Oaxaca, un des foyers de la contestation des enseignants dont 70 000 sont en grève.

En revanche, le syndicat national, l'un des principaux d'Amérique latine avec environ 1,4 million d'adhérents, n'a pas appelé à manifester. Son ex-dirigeante, Elba Esther Gordillo, est en détention depuis le mois de février, accusée de détournements de fonds.