La guérilla des Farc a admis mardi, pour la première fois, sa part de responsabilité concernant les victimes du conflit armé en Colombie, dans le cadre des négociations en cours depuis novembre à Cuba avec le gouvernement colombien en vue de conclure un accord de paix.

«Sans aucun doute, il y a également eu des cruautés, et des douleurs causées à partir de nos propres rangs», a affirmé Pablo Catatumbo, un des délégués des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) à La Havane.

«En effet, c'est bien la réalité, nous sommes une des parties au conflit», a affirmé Pablo Catatumbo, ajoutant que «c'est ainsi que nous devons admettre la nécessité d'aborder le thème des victimes, de leur identification et des dédommagements (liés à ces victimes) en toute loyauté à l'égard de la cause de la paix et de la réconciliation».

Ce mea culpa de la guérilla communiste, qui dispose de quelque 8000 combattants, selon les autorités colombiennes, intervient un mois après que le président colombien Juan Manuel Santos a officiellement reconnu la responsabilité de l'État colombien dans les «graves violations» des droits de l'homme commises dans le cadre du conflit armé qui a fait quelque 600 000 morts depuis 1964.

L'État colombien a été «responsable, parfois par omission, parfois de manière directe, de graves violations des droits de l'homme et d'infractions au droit humanitaire international», avait affirmé le 25 juillet M. Santos, qui défendait devant la Cour constitutionnelle l'adoption d'un «Cadre juridique pour la paix», crucial pour le succès des négociations de paix menées avec les Farc.

Les Farc ont réitéré mardi leur souhait que soit créée une commission internationale de la «vérité» pour enquêter sur «l'affrontement fratricide» en Colombie.

«Nous avons proposé au gouvernement qu'il soit procédé immédiatement à la constitution d'une commission formée d'experts nationaux et internationaux dans le domaine de la recherche historique, pour que soit établie la vérité sur ce qu'il s'est passé pendant les violences partisanes», a affirmé Pablo Catatumbo.

«Cette commission, à notre avis, doit être formée immédiatement», a insisté le délégué des Farc avant d'inviter «le pays tout entier à une journée de réflexion et de contrition» et de dénoncer l'Église catholique colombienne, «l'Église du régime», pour «n'avoir pas contribué toutes ces années à la réconciliation et à la paix».

Comme à son habitude, la délégation gouvernementale emmenée par l'ex-vice-président Humberto de la Calle s'est abstenue de toutes déclarations à la presse à son arrivée au Palais des Conventions de La Havane où se déroulent les pourparlers depuis neuf mois.

Les deux parties continuent de négocier le deuxième des cinq points de leur ordre jour - la participation des Farc à la vie politique - après avoir conclu en mai un accord sur le premier point, le plus important, le développement rural.

Le trafic de drogue, les réparations aux victimes du conflit et l'abandon des armes sont les trois autres sujets à l'ordre du jour des négociations à La Havane.