L'ex-présidente chilienne Michelle Bachelet, candidate à la présidentielle de novembre, a affirmé mardi qu'il était «sexiste» de présenter ce scrutin comme un duel entre femmes, estimant qu'on n'agirait pas de la sorte s'il s'agissait d'hommes.

«Il y a un certain sexisme. Lorsque deux femmes sont candidates, ont dit qu'il s'agit d'une compétition entre deux femmes? Quelqu'un a-t-il déjà souligné qu'il y avait une compétition entre deux hommes lors des précédentes élections?, s'est interrogée l'ex-présidente socialiste (2006-2010) qui doit affronter en novembre l'ex-ministre du Travail Evelyn Matthei, candidate de la droite au pouvoir.

«Quand deux hommes sont candidats, évoque-t-on l'enjeu ou les circonstances?», a-t-elle encore souligné.

Mme Matthei, première candidate de la droite chilienne à une présidentielle, fait figure de principale adversaire de Mme Bachelet lors du scrutin du 17 novembre.

Les médias chiliens mettent l'accent depuis plusieurs semaines sur ce duel féminin inédit, rappelant à l'envi que les deux femmes sont filles de généraux de la Force aérienne. Mais Albert Bachelet est mort en détention pour s'être opposé au coup d'État d'Augusto Pinochet contre Salvador Allende en 1973, alors que Fernando Matthei a fait partie de la junte dirigée par l'ex-dictateur.

«Je suis ravie de la présence de femmes en politique, mais ne nous égarons pas: nous avons là une compétition entre deux projets distincts pour le pays», a encore rappelé Mme Bachelet lors d'une rencontre avec la presse internationale.

L'ancienne présidente reste pour l'heure la favorite des enquêtes d'opinion. Première femme élue à la tête d'un pays sud-américain, médecin de formation, l'ex-directrice exécutive de l'ONU Femmes avait elle-même été persécutée, torturée et exilée sous la junte militaire.

De son côté, Mme Matthei a été investie par la droite après une série de retraits de caciques conservateurs. L'actuel président Sebastian Piñera ne peut se représenter immédiatement en vertu de la Constitution chilienne.