Le programme américain d'espionnage pourrait «jeter de l'ombre» sur les relations entre le Brésil et les États-Unis si des réponses appropriées ne sont pas apportées par Washington, a averti mardi le ministre brésilien des Affaires étrangères.

Les révélations sur le programme mondial américain de surveillance des correspondances téléphoniques et électroniques, notamment au Brésil, «posent un nouveau défi aux relations bilatérales», a déclaré Antonio Patriota lors d'une conférence de presse avec son homologue américain John Kerry.

«Si les implications de ce défi ne sont pas résolues de manière satisfaisante, cela pourrait jeter une ombre, un manque de confiance» dans nos relations, a souligné le chef de la diplomatie brésilienne.

«Nous demandons des éclaircissements. Mais les éclaircissements ne sont pas une fin en soi et les entendre ne signifie pas accepter le statu quo», a poursuivi M. Patriota. «Il est nécessaire de mettre fin aux pratiques portant atteinte à la souveraineté et aux relations de confiance entre les États ainsi qu'aux libertés individuelles que nos pays apprécient tant», a-t-il souligné.

John Kerry, effectuait une visite de quelques heures au Brésil pour préparer la visite d'État de la présidente Dilma Rousseff à Washington en octobre.

«Les questions que nous pose le Brésil ne nous dérangent pas. Elles sont absolument compréhensibles. Le Brésil mérite des réponses et il les aura», a-t-il souligné.

«Nous nous assurerons que vous ayez pleine connaissance et que vous soyez complètement d'accord avec ce que nous pensons devoir faire pour garantir la sécurité, pas seulement des Américains, mais aussi des Brésiliens et du reste du monde», a-t-il ajouté.

Le journaliste Glenn Greenwald a publié récemment dans le quotidien brésilien O Globo des articles basés sur des documents remis par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, indiquant que le Brésil faisait partie d'un réseau de 16 bases d'espionnage opérées par le renseignement américain.

Greenwald, qui a été auditionné le 6 août par une Commission du Sénat a affirmé détenir jusqu'à 20 000 documents secrets confiés par Snowden, aujourd'hui réfugié en Russie.

Une vingtaine de personnes ont protesté aux abords du ministère brésilien des Affaires étrangères, en marge de la réunion entre MM. Patriota et Kerry, criant à la délégation américaine: «Partez, espions de merde!»

John Kerry a ensuite eu un entretien avec la présidente Rousseff. Il devait rentrer ensuite à Washington, bouclant sa première tournée en Amérique latine depuis qu'il a succédé à Hillary Clinton en février. Il s'était rendu lundi en Colombie.

PHOTO SERGIO MORAES, REUTERS

Glenn Greenwald