Retiré du pouvoir depuis sept ans, Fidel Castro célèbre mardi ses 87 ans dans la discrétion totale, reclus dans sa résidence de l'ouest de La Havane où il se consacre à des études agronomiques tout en recevant à l'occasion quelque dignitaire étranger de passage à Cuba.

Le dernier en date, le président uruguayen José Mujica -lui aussi un ancien guérillero- rapportait ainsi avoir rencontré fin juillet «un Fidel chargé d'années, mais toujours vivace, un homme toujours parfaitement au courant des affaires du monde, bien informé sur tous les sujets, comme à son habitude».

Seul un concert dans un parc public de La Havane et la présentation de deux livres qui lui sont consacrés marqueront officiellement l'anniversaire de celui qui reste à Cuba le «commandant en chef», malgré son éloignement du pouvoir au profit de son frère Raul, de cinq ans son cadet.

«J'ai vécu pour lutter», a écrit le «Lider Maximo» dans son dernier message, une longue lettre adressée aux huit chefs d'État et de gouvernement venus à Cuba participer le 26 juillet aux célébrations du 60e anniversaire de l'assaut par Fidel Castro et une centaine de ses compagnons de la caserne Moncada, qui, malgré son échec, avait marqué le début de la marche vers la prise du pouvoir le 1er janvier 1959.

L'ex-président cubain avait été le grand absent de cette cérémonie à Santiago de Cuba, à l'autre bout de l'île : «je dois respecter l'opposition des gardiens de ma santé», indiquait-il dans sa lettre pour expliquer son absence.

L'état de santé du leader de la Révolution cubaine reste un secret d'État, depuis l'opération qui l'avait obligé à passer le flambeau du pouvoir à Raul le 31 juillet 2006.

Sa dernière apparition date du 9 avril

Lors de ses dernières apparitions publiques, comme lorsqu'il est allé voter le 3 février dans une école du quartier du Vedado, dans le centre de la capitale, il est apparu chenu et voûté sous le poids des ans, s'aidant d'une canne pour marcher avec précaution, le verbe affaibli.

Deux mois plus tard, on l'a vu très ému, au bord des larmes, lors de l'inauguration d'une école de son quartier où un hommage fut rendu à son «fils politique», le président vénézuélien Hugo Chavez, décédé un mois plus tôt. «Le meilleur ami que Cuba ait jamais eu», avait écrit Fidel après sa mort.

Grand spécialiste des discours-fleuves, Fidel Castro a par ailleurs cessé en 2012 de rédiger les «réflexions» qu'il a consacrées cinq ans durant à l'actualité internationale et aux grands problèmes du monde -alimentation et péril nucléaire notamment.

Selon sa biographe et éditrice Katiuska Blanco, Fidel Castro reste pourtant un ardent surfeur sur internet. Même s'il continue d'écrire à la main.

«Il ne touche pas au clavier, mais il navigue sur internet à la recherche de biographies, de cartes, de données, d'anecdotes, il n'a rien d'un technophobe, bien au contraire», expliquait-elle récemment à l'AFP.

Et comme depuis sept ans, Fidel Castro s'abstient de tout commentaire sur les affaires intérieures du pays, même s'il a été réélu député au printemps.

«Le silence approbateur de Fidel constitue une source de légitimité» pour les réformes menées depuis sept ans par son frère Raul, notaient dans un ouvrage récent les économistes espagnol José Antonio Alonso et cubain Pavel Vidal.

Même si Raul s'attache depuis plusieurs années à doucement détricoter le système mis en place durant près de quarante par son grand frère, qu'il continue à l'occasion d'appeler «mon chef».