Elle est jeune, influente... et plus populaire que son mari. La première dame du Pérou, Nadine Heredia, prendra bientôt la tête du parti au pouvoir, selon des médias locaux. Même si la loi lui interdit de briguer les suffrages en 2016, cette nomination relance les rumeurs et soulève des questions. Portrait d'une femme à surveiller.

Plus puissante que les ministres

Quand l'actuel président du Pérou, Ollanta Humala, a fondé le Parti national péruvien, en 2005, il l'a fait avec sa femme. Aujourd'hui, Nadine Heredia, 37 ans, est si influente que les Péruviens la surnomment la "coprésidente". «Elle a un pouvoir énorme», confirme Maxwell Cameron, professeur de sciences politiques à la University of British Columbia. Elle est consultée sur chaque décision majeure et a probablement plus de pouvoir que la majorité des membres du cabinet.»

Populaire et cultivée

Ex-militante de la gauche, fière de ses origines provinciales, Nadine Heredia jouit d'une immense popularité au Pérou, où elle compte plus d'un demi-million d'abonnés sur Twitter. «Elle est plus populaire que son mari, dit le professeur Maxwell Cameron. Elle plaît particulièrement aux femmes et aux gens loin de la sphère politique.» Mme Heredia, qui a étudié à la Sorbonne, à Paris, est aussi décrite comme une femme cultivée. «Elle est astucieuse et intelligente. C'est une candidate politique hautement intéressante», dit Maxwell Cameron.

Un pas vers la présidence?

Selon le quotidien El Comercio, Nadine Heredia sera bientôt nommée présidente du Parti national péruvien. Bien des citoyens et analystes la voient comme une candidate naturelle aux prochaines élections présidentielles de 2016. Le hic: en tant qu'épouse du président, la loi lui interdit de se présenter. Mme Heredia a elle-même toujours nié avoir des ambitions présidentielles. Alors pourquoi une telle nomination?

«Il s'agit d'un jeu politique compliqué, répond Maxwell Cameron. Humala est en perte de popularité et il doit garder la candidature de sa femme en vie. Tant que Nadine est une option, ses partisans lui resteront fidèles au lieu de penser à changer d'allégeance.»

Selon lui, il est loin d'être impossible que Mme Heredia se présente bel et bien aux élections. «Une loi, ça se change», dit l'expert. Pour ça, il faudrait soit l'appui du Congrès, soit une contestation judiciaire de la loi. Déjà, la cour supervisant les élections nationales s'est prononcée pour un changement, plaidant que la Constitution péruvienne garantit que tout citoyen doit pouvoir se présenter aux élections.

- Avec AFP et Reuters