L'ex-ministre du Travail Evelyn Matthei, fille d'un membre de la junte dirigée par Augusto Pinochet (1973-1990), devrait être désignée candidate de la droite (au pouvoir) pour la présidentielle chilienne du 17 novembre face à l'ex-présidente Michèle Bachelet (gauche).

Mi-juillet, le vainqueur des primaires de la droite, l'ultraconservateur Pablo Longueira, s'est abruptement retiré en raison d'une maladie. Cet ancien ministre de l'Économie et proche de l'ex-dictateur défunt Augusto Pinochet était entré dans la course tardivement après le retrait de la candidature de l'ex-ministre des Mines Laurence Golborne, éclaboussé par une condamnation en justice.

Ces deux retraits, conjugués à la renonciation mardi de l'ex-ministre de la Défense Andres Allamand, qui avait pourtant été battu de justesse aux primaires par M. Longueira, ont donc fait de Mme Matthei l'unique candidate de la droite .

Sa candidature devrait être officialisée le 3 août prochain, après la confirmation prévue du soutien du parti de M. Allamand, Rénovation sociale (RN), à la candidate du parti ultraconservateur Union démocratique indépendante (UDI)

Le RN avait pourtant rejeté dans un premier temps la candidature de Mme Matthei, qui avait quitté ce parti en 1992 en marge d'un scandale d'écoutes téléphoniques ayant impliqué à l'époque l'actuel président Sebastian Piñera. Ce dernier ne peut se représenter immédiatement, en vertu de la Constitution chilienne.

«Libérale» autodéclarée, Mme Matthei est notamment connue pour sa proximité avec le peuple et ses positions en faveur de l'avortement thérapeutique, interdit au Chili et farouchement combattu par toutes les franges de la droite.

Si sa candidature était confirmée, elle deviendrait alors la première candidate de la droite chilienne à une présidentielle qui donnerait lieu à un duel inédit entre deux femmes aux destins familiaux ayant des similitudes tout en étant opposés.

Les deux femmes sont en effet filles de généraux de la Force aérienne. Mais si Albert Bachelet est mort en détention pour s'être opposé au coup d'État de Pinochet contre Salvador Allende en 1973, Fernando Matthei a, quant à lui, fait partie de la junte dirigée par l'ex-dictateur.

L'ancienne présidente socialiste (2006-2010) reste pour l'heure la favorite des enquêtes d'opinion. Première femme élue à la tête d'un pays sud-américain, médecin de formation, l'ex-directrice exécutive de l'ONU Femmes avait elle-même été persécutée, torturée et exilée sous la junte militaire.