Le pape François a été accueilli lundi par une foule en liesse à Rio de Janeiro où il a entamé le premier voyage à l'étranger de son pontificat en appelant les jeunes catholiques «à faire des disciples».

Peu après la réunion du pape François avec la présidente Dilma Rousseff, lundi soir, la police de Rio Janeiro a dispersé avec des gaz lacrymogènes plusieurs centaines de manifestants à proximité du palais où siège le gouvernement de Rio de Janeiro.

Ils protestaient contre les 53 millions de dollars (40 millions d'euros) dépensés pour la visite du pape et les Journée mondiales de la jeunesse (JMJ).

Convoqués sur Facebook par les activistes du groupe Anonymous de Rio, les manifestants ont brûlé un mannequin représentant le gouverneur Sergio Cabral.

Un photographe a été vu à terre, le visage en sang, tandis qu'au moins un manifestant a été interpellé par la police.

Un groupe d'homosexuels a procédé à un «grand baiser collectif» et des féministes ont protesté seins nus.

Le périple du pape, depuis l'aéroport Tom Jobim vers le centre de Rio, a parfois été mouvementé. Des fidèles exaltés ont par moment bloqué la progression du véhicule du Saint-Père qui les saluait par la fenêtre ouverte.

Arrivé à la Cathédrale métropolitaine de Rio, le pape est ensuite monté à bord d'une jeep blanche découverte et s'est offert un premier bain de foule triomphal à travers les grandes avenues du centre de Rio.

Des dizaines de milliers de pèlerins, chantant et dansant, arborant les couleurs du Vatican ou de leurs pays d'origine, ont acclamé le premier pape latino-américain de l'histoire.

«Je suis venue voir un changement, quelque chose de nouveau, de rafraîchissant (...) quelqu'un qui prend les jeunes en compte. Il sait ce que nous sentons, nous sommes les piliers de l'Eglise», s'enthousiasmait Anaia Betarte, une Uruguayenne de 17 ans.

Le pape François va présider jusqu'à dimanche les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), où sont attendus jusqu'à 1,5 million de pèlerins.

Il se rendra mercredi au sanctuaire marial d'Aparecida, à mi-distance entre Rio et Sao Paulo, où l'armée à annoncé avoir détruit dimanche un «engin explosif artisanal» de «très faible puissance» trouvé dans les toilettes d'un parking.

Environ 30.000 policiers et militaires sont sur le pied de guerre pour veiller à la sécurité du pape et des JMJ.

Le pape, qui prône le retour à une église missionnaire, a appelé les jeunes à reprendre le flambeau du Christ, lors d'une réception de bienvenue au Palais du gouverneur de l'Etat de Rio, en présence de la présidente Dilma Rousseff.

«Le Christ a confiance en eux et leur confie l'avenir de sa propre mission: "Allez donc, faites des disciples!"», a déclaré le pape, qui s'exprimait en portugais.

«Dans sa tendre Providence, Dieu a voulu que le premier voyage international de mon Pontificat m'offre la possibilité de retourner dans cette Amérique latine bien-aimée, concrètement au Brésil», s'est félicité François.

C'est la première fois que ce Jésuite argentin âgé de 76 ans foule le sol du «Nouveau monde» depuis qu'il a succédé en mars à Benoît XVI à la tête d'une Église en crise, minée par les scandales de pédophilie.

Au Brésil, plus grand pays catholique au monde, il va tenter de revigorer une Église affaiblie et déboussolée par la forte poussée des Églises évangéliques pentecôtistes, omniprésentes et très actives dans les grandes villes et leurs périphéries déshéritées.

«De l'Amazonie à la pampa, des régions arides au pantanal, des petits villages aux métropoles, que personne ne se sente exclu de l'affection du pape», a-t-il assuré.

Apôtre d'une «église pauvre pour les pauvres», le pape va profiter de sa semaine à Rio pour visiter une favela, une unité hospitalière pour toxicomanes et rencontrera des détenus.

Le nombre de catholiques ne cesse de reculer au Brésil depuis 30 ans au bénéfice des Églises évangéliques. Les catholiques représentaient 64,6% de la population brésilienne en 2010 contre 91,8% en 1970, alors que les Églises évangéliques sont passées de 5,2% à 22,2% (42 millions)selon le dernier recensement de 2010.

Mais selon un sondage publié lundi, le déclin est encore plus fort chez les jeunes dont seulement 44,2% se déclarent catholiques et 37,6%  évangéliques.

Le pape François arrive dans un pays ébranlé par la fronde sociale historique des jeunes brésiliens qui ont manifesté massivement en juin, parfois violemment, contre l'indigence des services publics et la corruption.

Dans l'avion qui l'amenait au Brésil, il avait insisté sur «le risque» de voir une génération entière de jeunes sans travail, tout en fustigeant «la culture du rejet» des personnes âgées.

«La crise mondiale ne fait rien de bon pour les jeunes. Nous courons le risque d'avoir une génération qui n'a pas eu de travail, or du travail provient la dignité de la personne», a déclaré François aux journalistes qui l'accompagnaient dans son avion.

Mardi, le pape se reposera de son voyage. L'archevêque de Rio donnera le coup d'envoi officiel des JMJ en prononçant une messe la plage de Copacabana.