Un ancien militaire et deux anciens policiers ont été condamnés à la prison à perpétuité en Argentine pour la torture ou la disparition de 60 personnes sous la dictature (1976-1983), parmi lesquelles la française Marie-Anne Erize, a annoncé vendredi la Cour suprême.

Un tribunal de San Juan (ouest) a condamné à la prison à perpétuité l'ancien lieutenant de l'armée Jorge Antonio Olivera, le sous-officier de police Orlando Martel et l'ancien chef de la police fédérale de San Juan Horacio Nieto, a annoncé la Cour dans un communiqué.

La condamnation a été infligée jeudi à l'unanimité des juges. Trois autres accusés ont été condamnés à 25 ans de prison et un dernier à 10 ans.

Le procès avait débuté en novembre 2011. Les accusés étaient notamment poursuivis pour homicide, violation de domicile, privation de liberté, torture, viol et association de malfaiteurs à l'encontre de 60 personnes, dont Anne-Marie Erize, une des 18 victimes françaises de la dictature, à ce jour toujours portée disparue.

«Les accusés n'ont montré aucun regret, nous ne savons pas où est son corps. Mais c'est un progrès, une réussite du peuple argentin. Les accusés l'ont mérité, car ils ne savent pas vivre en société et doivent être enfermés», a commenté devant la presse Yolande Erize, soeur de Marie-Anne.

Jorge Olivera, qui a également été l'avocat d'anciens du régime militaire, était à l'époque chef des services de renseignements du régiment d'infanterie de montagne de San Juan et principal responsable de la disparition d'Anne-Marie Erize, enlevée dans la rue à 24 ans, le 15 octobre 1976.

En 2000, au cours d'un voyage en Italie, M. Olivera avait été arrêté à Rome sur demande de la justice française, mais libéré au bout de 42 jours de détention grâce à la présentation d'un faux certificat de décès de la jeune femme, ce qui avait prescrit le crime.

Après l'annulation en 2003 en Argentine des lois d'amnistie et la réouverture de centaines de dossiers de crimes contre l'humanité, M. Olivera a de nouveau été poursuivi, et incarcéré en 2007.

Environ 30 000 personnes sont mortes et disparues durant la dictature argentine, selon des organisations humanitaires.