Barrages routiers, barricades incendiées, embouteillages monstres, heurts avec la police : les étudiants chiliens ont radicalisé mercredi leur mouvement de protestation pour réclamer une profonde réforme de l'enseignement, un des thèmes de campagne de la présidentielle de novembre.

Une trentaine de barricades ont été érigées aux premières heures de la matinée autour des lycées et des universités de Santiago, provoquant d'énormes embouteillages dans les rues de la capitale de six millions d'habitants à une heure de pointe.

Les incidents les plus graves se sont produits près de l'Université du Chili, où des manifestants encagoulés ont affronté les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau.

Des manifestants ont par ailleurs attaqué des commerces de la ville, détruit du mobilier public et lancé des centaines de cocktails molotov.

La marche a rassemblé près de 100 000 manifestants dans le centre de Santiago, selon les organisateurs.

Une centaine de personnes ont été interpellées à l'issue de cette marche, selon les chiffres officiels du bureau du gouverneur de Santiago.

Il s'agit de la sixième marche depuis le début de l'année pour protester contre le système éducatif hérité de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Le ministre de l'Intérieur Andrés Chadwick a déploré lors d'une conférence de presse les incidents, estimant qu'ils ne «s'agit pas d'étudiants mais de délinquants extrémistes et violents qui agissent de façon organisée».

Pour sa part, la porte-parole des lycéens Isabel Salgado a exigé la démission de la ministre de l'Éducation Carolina Schmidt, actuellement en vacances en Italie.

«Nous sommes maintenant mobilisés depuis des années sans aucune réponse» du gouvernement, a déclaré Mlle Salgado.

Les étudiants chiliens ont réalisé près d'une centaine de manifestations pour demander au gouvernement de Sebastian Piñera (premier président de droite depuis la fin de la dictature en 1990) une réforme du système éducatif, cher et inefficace, selon eux.

Ils ont également repris ces dernières semaines les occupations d'établissements scolaires et universitaires pour obtenir une réforme du secteur.

Le gouvernement a intimé aux étudiants de vider les lieux avant la fin de cette semaine, en raison d'élections primaires qui doivent se dérouler dimanche.

De nombreuses écoles font office de bureaux de vote.

La manifestation était soutenue mercredi par les syndicats des secteurs portuaires et miniers, qui ont bloqué l'entrée de plusieurs mines de cuivre importantes, selon un communiqué de la CTC (Confédération des travailleurs du cuivre).