La justice colombienne a condamné par contumace à 40 ans de prison pour terrorisme le chef suprême des Farc et le représentant de la guérilla pour les négociations de paix qui se déroulent actuellement à Cuba, a annoncé mardi le Parquet à l'AFP.

Le numéro un des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Timoleon Jimenez, et son bras droit, Ivan Marquez, qui dirige l'équipe de négociateurs de la rébellion, ont été condamnés pour une attaque qui avait 4 morts et 30 blessés dans la province de Meta (centre) en 1993.

La condamnation a été prononcée par un tribunal de Villavicencio, capitale de la province, qui a infligé la même peine à vingt autres combattants de la rébellion impliqués dans cette attaque.

Toutefois, cette sentence ne devrait pas avoir de conséquences sur les pourparlers, ouverts depuis novembre à La Havane entre des représentants du gouvernement de Juan Manuel Santos et de la guérilla.

Depuis le début du processus de paix, le Parquet colombien a en effet suspendu les mandats d'arrêt pesant sur les membres de l'équipe de négociateurs des Farc, dont Ivan Marquez, qui a déjà été condamné à de multiples reprises, tout comme le chef de la guérilla, qui vit toujours dans la clandestinité.

«Cette condamnation n'a aucun rapport, ni aucune incidence sur le processus de paix», a affirmé à l'AFP un spécialiste du conflit armé, le directeur de la Fondation culturelle démocratique, Alvaro Villaraga, lui-même ancien membre d'une guérilla colombienne.

La justice émet «ce type de condamnations» contre les Farc de manière permanente», a souligné M. Villaraga.

Fondées en 1964, les Farc, la plus ancienne guérilla d'Amérique latine, comptent encore selon les autorités quelque 8.000 combattants repliés dans les régions rurales du pays.

Les pourparlers de paix délocalisés à Cuba ont déjà permis d'aboutir à un accord sur le thème d'une réforme agraire. Ils doivent désormais aborder d'autres points cruciaux, comme la réinsertion des guérilleros démobilisés, qui pourrait passer par une suspension des peines de prison.

La nouvelle condamnation prononcée contre les dirigeants des Farc montre «l'importance de ce thème», a insisté M. Villaraga.