L'armée mexicaine a libéré 165 migrants, qui ont indiqué avoir été retenus pendant plusieurs semaines par un groupe criminel dans l'État du Tamaulipas (nord-est du Mexique) alors qu'ils s'apprêtaient à franchir la frontière avec les États-Unis, a annoncé jeudi le ministère de l'Intérieur.

Parmi les personnes libérées, 150 sont originaires d'Amérique centrale, 14 du Mexique et l'une est de nationalité indienne, a précisé dans un message à la presse le porte-parole du ministère, Eduardo Sanchez.

Parmi les personnes enlevées figuraient également 20 mineurs et deux femmes enceintes, a-t-il ajouté.

Lors de l'opération, les forces de sécurité ont arrêté un homme apparemment chargé de surveiller le groupe. Les recherches se poursuivent pour retrouver toutes les personnes impliquées dans l'enlèvement.

M. Sanchez a précisé que les autorités avaient eu connaissance des faits grâce à une dénonciation anonyme qui leur avait permis de localiser l'immeuble dans lequel se trouvaient les personnes retenues, situé dans la localité de Gustavo Diaz Ordaz, frontalière des États-Unis.

Les victimes ont indiqué qu'elles avaient été détenues «dans des conditions précaires et insalubres».

Elles ont aussi déclaré qu'elles «avaient été retenues contre leur gré, tandis que le groupe criminel contactait leurs familles par téléphone, exigeant des sommes d'argent», a indiqué M. Sanchez.

«Tout porte à croire que les migrants sont repérés par des trafiquants d'être humains (...) puis livrés à des groupes criminels», a-t-il ajouté.

Après le déploiement militaire entrepris contre eux à partir de décembre 2006 sur décision de l'ex-président Felipe Calderon, les cartels de la drogue ont diversifié leurs sources de revenus en se lançant dans d'autres types de délits comme l'enlèvement, l'extorsion et vol, selon les experts.

Selon des chiffres publiés en 2011 par la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), quelque 20 000 enlèvements de migrants sont enregistrés chaque année avec des demandes de rançon de plus de 2000 dollars adressées aux familles, aux États-Unis ou dans leurs communautés d'origine en Amérique centrale.

Le Tamaulipas est une région particulièrement touchée par le crime organisé. C'est dans cet État que les corps de 72 migrants en provenance d'Amérique centrale ou du Sud avaient été retrouvés dans un ranch en août 2010, apparemment victimes du cartel des Zetas, un groupe criminel constitué dans les années 90 par d'anciens militaires d'élite de l'armée mexicaine.