Après s'être consacré à l'enseignement depuis son retour d'exil, en 2011, Jean-Bertrand Aristide renoue avec la politique haïtienne.

L'ex-président controversé ferait présentement la sélection des futurs candidats de son ancien parti, Famille Lavalas, exclu des dernières élections.

Une grande mobilisation dans les quartiers populaires de la capitale est d'ailleurs prévue pour ce matin en soutien à celui qui a été forcé de quitter le pouvoir deux fois, en 1991 et en 2004.

Aristide ne quitte presque jamais son domicile, en banlieue de la capitale. Après plusieurs rencontres dans cette résidence, Richard Morse, cousin de l'actuel président, a confirmé dimanche que sa femme est maintenant une candidate potentielle sous la bannière Lavalas.

«Il est de retour et essaie de construire une bonne équipe», a affirmé M. Morse, également hôtelier et chanteur d'un célèbre groupe de musique traditionnelle. Il a quitté, en décembre, l'équipe de l'actuel président Michel Martelly, l'accusant de tolérer la collusion.

M. Morse a aussi confirmé dimanche que l'ancien président ne sera pas lui-même candidat aux prochaines élections législatives, qui devraient avoir lieu à l'automne ou à l'hiver.

Elles étaient initialement prévues en 2011, mais des luttes relativement à la sélection des membres de l'organisme chargé de les organiser ont occasionné de longs retards.

Convoqué, mais pas accusé

Jean-Bertrand Aristide est par ailleurs convoqué ce matin au parquet de Port-au-Prince par un juge d'instruction, dans le cadre de l'enquête sur la mort du journaliste Jean Dominique, en avril 2000.

Aucune accusation n'a encore été déposée. Il n'en fallait pas plus pour mobiliser les quartiers populaires de la capitale. Les fanfares de Cité Soleil, Solino, Bel Air et Martissant se préparent à faire un accueil grandiose à «leur» président, ce matin, devant le palais de justice.

«On n'a pas besoin d'argent pour sortir dans la marche», raconte Ernst Michel, 34 ans, militant pour Aristide et membre d'une fanfare «rara» du quartier La Saline, au bas de Port-au-Prince. Les groupes raras sont généralement engagés pour les fêtes et les manifestations.

«Peu importe où le «président» sera, nous serons là aussi.» Le mot d'ordre chez les partisans est de ne pas contester la convocation d'Aristide ce matin, puisqu'il est un citoyen «comme les autres» et un «démocrate».

«Quand Aristide était au pouvoir, il a envoyé plusieurs jeunes des quartiers populaires au travail. Il a aussi construit des logements sociaux.» M. Michel se dit déçu du peu de services offerts dans les quartiers pauvres depuis qu'Aristide a quitté le pouvoir, en 2004.

En avril 2004, Jean-Bertrand Aristide a été forcé à l'exil par la communauté internationale à la suite d'une contestation étudiante et populaire qui a mené à l'intervention armée d'un groupe paramilitaire. À l'époque, Aristide était lui aussi accusé d'être affilié à des bandes armées dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince.