Barack Obama a conclu samedi sa tournée en Amérique latine en vantant à nouveau les bénéfices d'un commerce accru avec les États-Unis pour cette région dont les dirigeants l'ont interpellé à propos de l'insécurité liée à la drogue.

«Les États-Unis reconnaissent que notre destin est lié à votre succès», a déclaré le président américain au cours d'un forum sur l'économie et le développement de la région. «Si vous vous portez bien, nous nous porterons mieux, si nous nous portons bien, je pense que votre situation s'améliorera», a-t-il assuré.

Le président américain, avant de repartir pour Washington en début d'après-midi, a notamment encouragé les pays d'Amérique centrale à faciliter la circulation des biens et des services entre eux, et évoqué la nécessité impérieuse de «créer un marché régional de l'énergie» dans la région.

«Tout le monde en bénéficiera (...) nous nous réjouissons d'être vos partenaires sur ce dossier», a ajouté le président, qui a aussi mentionné la perspective d'exporter vers la région du gaz naturel liquéfié, ressource abondante et actuellement bon marché aux États-Unis.

Cette rencontre s'inscrivait dans la continuité du thème des relations commerciales que M. Obama tente de mettre en avant depuis le début de sa tournée, jeudi au Mexique, parfois au détriment d'autres sujets brûlants, notamment le trafic de drogue vers les États-Unis.

«L'une des meilleures façons de faire croître notre économie est de vendre plus de biens et de services "made in America" au reste de la planète. Ceci comprend nos voisins du Sud», a affirmé M. Obama samedi dans son allocution radiodiffusée à destination de ses compatriotes.

Malgré l'amélioration sur le front du chômage avec la publication de bons chiffres la veille pour le mois d'avril, les États-Unis n'ont toujours pas retrouvé leur niveau d'emploi d'avant la récession de 2007-2009. Le taux officiel de chômage s'établit à 7,5% contre 5% début 2008.

L'ombre de la violence du narcotrafic

Plus de 40% des exportations américaines vont vers le continent américain et «ces exportations progressent plus rapidement que notre commerce avec le reste du monde. C'est la raison pour laquelle je me trouve en Amérique latine cette semaine, c'est-à-dire pour oeuvrer avec ses dirigeants à l'approfondissement de nos relations économiques et à l'expansion de nos liens commerciaux», a-t-il insisté.

Dans ce message à usage intérieur, M. Obama a aussi parlé de la réforme de l'immigration qu'il appelle de ses voeux.

Un projet de loi actuellement discuté au Sénat vise à «faire sortir de l'ombre» quelque 11 millions de personnes vivant clandestinement aux États-Unis, et à moderniser le système d'immigration. Les adversaires républicains de M. Obama ont exigé un renforcement préalable de la sécurité aux frontières.

Le président, dans un entretien télévisé vendredi, s'est dit persuadé qu'une telle loi pourrait aussi passer l'obstacle de la Chambre des représentants où nombre de républicains, majoritaires, s'élèvent contre toute législation s'apparentant à une «amnistie» pour les clandestins.

Dans son allocution hebdomadaire, il n'a en revanche pas évoqué la question des violences qui frappent la région qu'il visite, un sujet de vive inquiétude pour les dirigeants des sept pays d'Amérique centrale et la République dominicaine qu'il a retrouvés vendredi.

Tout en se disant déterminé à «dissiper les inquiétudes de plus en plus grandes en matière de sécurité», il n'a pas évoqué de nouveaux engagements américains en faveur de la région, où les budgets publics peinent à soutenir la comparaison avec la puissance des cartels.

«Ridicule» d'affirmer que l'Américain arrêté au Venezuela est un espion

Le président Barack Obama a qualifié de «ridicule» l'accusation selon laquelle un Américain arrêté fin avril au Venezuela serait un espion, dans un entretien samedi à une télévision.

Timothy Hallet Tracy, né en 1978 dans le Michigan (nord des États-Unis), avait été arrêté la semaine dernière à l'aéroport de Caracas alors qu'il s'apprêtait à quitter le Venezuela, une interpellation annoncée par le ministre de l'Intérieur vénézuélien Miguel Rodriguez Torres.

Caracas soupçonne M. Tracy d'avoir participé à un plan présumé de la droite vénézuélienne visant à contester les résultats de la présidentielle du 14 avril et à provoquer les violences postélectorales qui ont fait neuf morts - selon le gouvernement - au lendemain du scrutin.

«La notion selon laquelle cet individu serait une sorte d'espion, c'est ridicule», a assuré M. Obama dans cet entretien à la chaîne de télévision américaine en espagnol Telemundo, accordé à San José (Costa Rica) peu avant la fin de la mini-tournée du président américain en Amérique latine.

M. Obama a en outre indiqué que Washington «traitera(it) cette situation comme toutes celles dans lesquelles un ressortissant américain a affaire à la justice à l'étranger», sans plus de précisions.

La semaine dernière, le département d'État avait nié que M. Tracy soit un agent gouvernemental ayant tenté de semer le chaos au Venezuela.

Vendredi, dans un autre entretien à une télévision américaine en espagnol, Univision, M. Obama avait refusé de reconnaître la victoire autoproclamée de Nicolas Maduro à la présidentielle du 14 avril, laissant entendre que les droits fondamentaux des Vénézuéliens n'avaient pas été respectés lors de cette consultation.

Les États-Unis soutiennent l'idée d'un nouveau décompte des voix de l'élection présidentielle du 14 avril, remportée avec une très courte avance de M. Maduro sur Henrique Capriles.

Les deux pays aux relations tendues sont privés d'ambassadeurs depuis 2010, mais ont des chargés d'affaires.