Le riche entrepreneur Horacio Cartès a remporté haut la main l'élection présidentielle au Paraguay contre le candidat libéral Efrain Alegre, reconduisant ainsi au pouvoir le parti hégémonique de droite Colorado, qui a déjà gouverné le pays de 1954 à 2008.

Les résultats officiels devaient être proclamés par le Tribunal supérieur de justice électoral (TSJE) dans la soirée.

Alors que les sondages à la veille des élections ne départageaient pas Cartès et Alegre, trois instituts ont dévoilé au fil des enquêtes réalisées à la sortie des bureaux de vote un écart de 13 à 16 points entre le vainqueur et son dauphin.

Longtemps annoncé comme favori dans les sondages avant que des enquêtes ne donnent les deux candidats au coude-à-coude, Horacio Cartès, un homme d'affaires qui a étudié aux États-Unis, est l'un des hommes les plus riches du Paraguay. À la tête de 25 entreprises, il s'est fait connaître du grand public en tant que président du club de football Libertad, avec qui il a remporté de nombreux titres.

Efrain Alegre, 50 ans, ex-ministre des Travaux publics (2008-2011), veut incarner «un Paraguay décent, contre le Paraguay des mafias». Il accuse M. Cartès de liens avec les trafiquants de drogue et d'être un arriviste, car le candidat du Parti Colorado n'a voté pour la première fois qu'en 2010.

M. Cartès, 56 ans, accuse pour sa part M. Alegre d'avoir détourné 25 millions de dollars de fonds publics.

D'après l'autorité électorale, au moins 65% des électeurs ont voté.

Issue d'une famille où l'on vote Colorado de père en fils, Linda Velazquez, 33 ans, de retour d'Espagne où elle a passé 10 ans, place «plus d'espoirs» en Horacio Cartès pour redresser le pays.

«J'ai voté pour Alegre mais j'ai honte. Un vote utile anti-Cartès», confie Fernando Szmuc, architecte de 33 ans, qui a voté «Lugo comme sénateur».

En 2008, c'est la gauche de Fernando Lugo, un ancien évêque catholique, qui avait remporté le scrutin présidentiel en formant une coalition avec le Parti libéral, qui a finalement rompu l'alliance.

En juin 2012, sans majorité au Parlement, M. Lugo a été destitué par l'opposition de droite, dans ce qu'il a qualifié de «coup d'Etat parlementaire», et son vice-président, le libéral Federico Franco, s'est installé dans le fauteuil de président.

Mandat unique oblige, Fernando Lugo ne pouvait pas se présenter en 2013 et brigue à la place un siège de sénateur. Conscient des faibles chances de la gauche cette année, il a reporté ses ambitions sur 2018, soit la prochaine élection présidentielle.

De nombreux observateurs internationaux ont été déployés dans le pays : de l'Union européenne, du Mercosur (le Marché commun du Cône Sud dont le Paraguay a été exclu après le coup de force contre Lugo) et de l'Union des nations d'Amérique du Sud (Unasur).

Dimanche, les 3,5 millions d'électeurs appelés aux urnes choisissaient, outre leur président et son vice-président, 45 sénateurs, 80 députés, les gouverneurs des 17 départements et les représentants du Parlasur, assemblée du Mercosur. À cette fin, ils devaient cocher leur choix sur cinq bulletins de vote (4 à Asuncion, la capitale) et glisser leurs suffrages dans des sacs en plastique non scellés.

Pour la première fois, les Paraguayens exilés en Argentine, aux États-Unis ou en Espagne pouvaient voter.

La journée électorale a été marquée par l'attaque d'un commissariat du bourg de Kurusu de Hierro, dans le département de Concepcion, à 500 km d'Asuncion, attribuée par les autorités à la guérilla de l'Armée du peuple paraguayen (EPP).