La ville de La Plata, à 60 km de Buenos Aires, a été noyée sous deux mètres d'eau dans la nuit de mardi à mercredi, à la suite d'inondations subites qui ont causé la mort de 48 personnes.

La nuit précédente, des pluies diluviennes avaient causé la mort d'au moins 8 personnes à Buenos Aires, la capitale.

Le gouverneur provincial Daniel Scioli a indiqué que face à la montée des eaux, qui a atteint deux mètres de haut par endroits, les gens «avaient tenté de se réfugier sur les toits et dans les arbres, mais certains n'y étaient pas parvenus».

Les corps sont apparus au fur et à mesure que les eaux ont commencé à baisser, a ajouté au cours d'une conférence de presse le gouverneur de la province de Buenos Aires, qui englobe La Plata.

Le bilan s'est rapidement aggravé mercredi après-midi, passant en moins d'une heure de 25 à 46 morts, et pourrait encore s'alourdir, selon le gouverneur.

La moitié de cette agglomération de 900 000 habitants a été inondée et privée de courant mercredi. Des voitures flottaient dans les rues et la ville était partiellement paralysée. Plus de 2.500 personnes ont dû abandonner leurs logements envahis par les eaux et ont été hébergés dans une vingtaine de centres d'accueil temporaires.

Des personnes âgées et des mères portant leur enfant dans les bras étaient évacuées à bord de canoës, tirés dans les rues transformées en cours d'eau par des voisins ou des secouristes.

Selon les services météorologiques, il est tombé 400 mm de pluie en deux heures mardi soir, un record pour La Plata. L'eau s'est accumulée dans les parties basses de la ville, située à une dizaine de kilomètres du Rio de la Plata, dans une région marécageuse.

Dans le quartier périphérique de Tolosa, plusieurs dizaines de voitures émergeaient à peine de l'eau.

«Ca fait 40 ans que je vis ici et c'est la première fois que je vois ça. J'héberge trois familles là-haut, deux vieux, trois enfants, dont un handicapé; ce sont des voisins que nous avons accueillis», dit en montrant les étages de sa maison Maximiliano Miceli, affairé à nettoyer sa voiture remplie d'eau, dans le quartier de Tolosa.

À La Plata, importante ville universitaire, les écoles et les services publics ont été fermés.

«Ce qui s'est passé à La Plata, c'est du jamais vu. La moitié de la ville est sans électricité. Il y a des gens sur les toits, dans les arbres, attendant qu'on puisse aller les chercher», a déclaré le vice-ministre argentin de la Sécurité, Sergio Berni.

À Buenos Aires, 350 000 personnes ont été touchées par les inondations survenues en pleine nuit, mardi entre 00h00 et 07h00.

Un agent du métro est mort électrocuté dans une station lors d'une opération de pompage. Les habitations précaires ont été particulièrement touchées, et la tempête a également causé une série de coupures de courant, des chutes d'arbres et l'interruption de plusieurs services de transports en commun.

Mercredi, la vie avait repris son cours quasi-normal dans la capitale, mais des administrations déploraient des coupures de liaison Internet ou du matériel endommagé. De nombreux feux de signalisation étaient en panne.

Le maire de Buenos Aires Mauricio Macri a averti ses administrés que les inondations se reproduiraient. «Ces pluies violentes qui se répètent, affirme-t-il, sont dues au réchauffement climatique».

Si les inondations sont peu fréquentes à La Plata, elles sont plus habituelles à Buenos Aires et dans son agglomération de 13 millions d'habitants, où l'urbanisation le long du Rio de la Plata s'est faite en partie sur des terres inondables.

Pour l'architecte Roberto Livingston, les inondations de Buenos Aires et La Plata ont des origines similaires : des villes qui ont été bâties de manière «irresponsable» sans prendre en compte l'hydrographie de la zone.

«L'homme construit et pense dominer la nature. Des gens vivent sur des cours d'eau sans le savoir. Il n'y a pas suffisamment de parcs pour absorber l'eau et le système d'évacuation des eaux de pluie n'est pas en bon état».