La majorité du capital de la chaîne privée de télévision vénézuélienne Globovision, très critique envers le gouvernement, sera vendue après l'élection présidentielle du 14 avril, ont indiqué lundi ses propriétaires.

«Il y a une offre d'achat formelle» et «une intention de vente», selon le vice-président de Globovision, Carlos Zuloaga, cité sur le site internet de la chaîne.

Dans une lettre adressée aux salariés et mise en ligne sur le site de Globovision, le directeur et principal actionnaire Guillermo Zuloaga a précisé que la vente se concrétisera après l'élection du 14 avril, convoquée à la suite du décès du président Hugo Chavez.

D'après lui, l'acheteur est Juan Domingo Cordero, un homme d'affaires local, propriétaire d'une compagnie d'assurance, ancien président de la Bourse de Caracas (1989-1993).

Dimanche, au cours d'un forum de la Société interaméricaine de presse (SIP) au Mexique, l'écrivain mexicain Enrique Krauze a affirmé que cet acheteur était «un proche du régime chaviste».

Pour justifier cette vente, Guillermo Zuloaga a rappelé «les 13 années très difficiles» que vient de vivre la chaîne, en raison de son opposition au gouvernement du président Chavez, au pouvoir de 1999 jusqu'à son décès, mardi.

La chaîne est régulièrement la cible de menaces de fermeture et de procédures judiciaires de la part des autorités.

«Harcelés par l'État»

Aujourd'hui «nous sommes harcelés par des institutions d'État, soutenues par un Tribunal suprême de justice complice qui les aide et collabore avec tout ce qui peut nous nuire», a ajouté l'actionnaire majoritaire .

«Nous sommes non viables économiquement (...) Nous sommes non viables politiquement (...) Nous sommes non viables juridiquement», a-t-il regretté.

Il s'est aussi félicité de l'offre d'achat qu'il a reçue, qui «sans être ce que les actionnaires auraient souhaité, je me suis vu contraint d'accepter car elle permettra de projeter dans le temps Globovision et de maintenir nos effectifs de quasiment 500 personnes, ma principale préoccupation».

Guillermo Zuloaga vit en exil aux États-Unis, accusé par la justice vénézuélienne d'usure et d'association de malfaiteurs.

L'un dans conseillers juridiques de la chaîne, Ricardo Antela, a indiqué sur son compte Twitter que la vente donnera à l'acheteur «la majorité du capital» de la chaîne.

M. Antela a également évoqué «le harcèlement politique, légal et économique» qui a rendu «non viable Globovision».

Quelque 80% de la chaîne sont détenus par deux familles, dont la famille Zuloaga. Les autres 20% ont été saisis il y a trois ans par le gouvernement et sont aujourd'hui encore l'objet de recours judiciaires contre l'État.

D'après les autorités, toutes les actions intentées contre l'entreprise sont justifiées légalement.

Un journaliste de la chaîne, interrogé par l'AFP, ainsi que le présentateur du programme «Allo citoyen», Leopoldo Castillo, ont expliqué que la vente avait pour objectif d'assurer la viabilité de l'entreprise et que la ligne éditoriale ne serait pas profondément modifiée.

Mi-2012, la chaîne avait payé une amende de 2,16 millions de dollars à l'autorité régulatrice du secteur (publique) afin d'éviter un gel de ses avoirs qui aurait signifié la fin de ses émissions.

Globovision est l'unique chaîne de télévision critique envers le gouvernement depuis la fermeture en 2007 par les autorités de Radio Caracas Television (RCTV).