Les deux principaux protagonistes de la présidentielle du 14 avril au Venezuela ont déposé lundi leurs candidatures à Caracas, théâtre d'une nouvelle démonstration de force du président par intérim Nicolas Maduro, qui a rassemblé une foule de plusieurs dizaines de milliers de partisans.

A 11h00 locales, l'héritier officiel du chavisme est apparu arborant un blouson aux couleurs du drapeau national sur le perron du Conseil électoral national (CNE), acclamé par une foule en rouge, la couleur du parti au pouvoir.

En début de soirée, le jeune gouverneur de l'État de Miranda, Henrique Capriles, 40 ans, a confirmé au cours d'une conférence de presse avoir également déposé sa candidature.

Après avoir déposé la sienne et remis aux membres du CNE un exemplaire du programme de Hugo Chavez à la présidentielle d'octobre dernier en signe d'allégeance au défunt, M. Maduro a livré un long discours dans lequel le nom du président décédé mardi dernier a de nouveau été constamment cité.

«Je demande à notre père rédempteur de cette terre bolivarienne, Hugo Chavez, qu'il me donne la force et me permette d'exécuter l'ordre qu'il nous a donné et m'a donné», a notamment déclaré Nicolas Maduro, un ancien conducteur d'autobus et dirigeant syndical âgé de 50 ans.

«Maduro a montré qu'il est le meilleur élève de Chavez, avec un discours à la hauteur. C'est un dirigeant qui s'affiche comme l'un des hommes les plus clairvoyants de la révolution. Chavez ne s'est pas trompé», a commenté parmi la foule Nelson Diaz, 60 ans.

Elu député pour la première fois en 1998, il a ensuite rapidement gravi les échelons du chavisme en devenant président de l'Assemblée nationale, puis ministre des Affaires étrangères et enfin vice-président.

Il a finalement reçu en décembre l'onction du «Comandante», qui peu avant l'aggravation de son état de santé a demandé aux Vénézuéliens d'élire M. Maduro si lui-même venait à devoir renoncer à ses fonctions.

Le candidat Maduro a également promis aux Vénézuéliens d'«en finir» avec la criminalité galopante qui fait du pays l'un des plus dangereux au monde, avec un taux d'homicide officiel de 55 meurtres pour 100.000 habitants, presque huit fois la moyenne mondiale.

«Nous nous engageons à assainir la société vénézuélienne. Assez de violence ! Que cessent les agressions, les enlèvements, les crimes !», a-t-il imploré.

M. Capriles, honorablement battu par Hugo Chavez à la présidentielle du 7 octobre et depuis réélu à la tête de l'État de Miranda, a réitéré lundi soir ses accusations contre la constitutionnalité de la nomination de Nicolas Maduro au poste de président par intérim.

«Nicolas a violé la Constitution (...) C'est une présidence frauduleuse», a-t-il à nouveau affirmé, promettant plus tard de battre «ceux qui manipulent, qui mentent».

Il a ensuite assuré qu'il se lançait dans «une lutte inégale» car il ne fait pas campagne «contre une personne mais contre l'État» et ses moyens, convoquant également l'image de David contre Goliath.

«La campagne est entre toi et moi. Laissez le président en paix», a ajouté le candidat de la coalition d'opposition à l'adresse de son adversaire, à propos de l'évocation permanente de l'image du président Chavez dans les interventions de M. Maduro.

Exposée depuis mercredi à l'Académie militaire de Caracas, où des milliers de Vénézuéliens continuent de lui rendre hommage, la dépouille embaumée du président défunt sera transférée vendredi dans un musée situé dans une ancienne caserne au coeur d'un bastion chaviste, le quartier déshérité du 23 de Enero («23 janvier»), dans l'ouest de la capitale.

Le gouvernement prévoit ensuite de faire modifier la Constitution pour faire approuver le dépôt du corps au Panthéon national, aux côtés du héros national, le «libérateur» Simon Bolivar.

A l'étranger, Washington a annoncé lundi avoir expulsé la veille deux diplomates vénézuéliens, en réponse à une mesure similaire ayant frappé deux attachés militaires de l'ambassade des États-Unis à Caracas, accusés de «conspiration».

Depuis la Havane, Fidel Castro, père spirituel de Hugo Chavez, a indiqué dans un bref communiqué qu'avec sa disparition «était mort le meilleur ami qu'ait jamais eu le peuple cubain au cours de son histoire».