L'aggravation de l'état de santé d'Hugo Chavez, hospitalisé pour un cancer, plonge de nouveau dans l'incertitude le Venezuela dont les habitants sont privés de leur charismatique président depuis près de trois mois.

La chaîne de télévision officielle, VTV, a appelé les partisans du président à se rassembler à partir de 9 h locales (8 h 30, heure de Montréal) pour prier pour lui devant l'hôpital militaire Carlos Arvelo de Caracas, où M. Chavez a été admis le 18 février.

Lundi soir, le ministre de la Communication Ernesto Villegas a relancé l'angoisse des «chavistes» en annonçant «une aggravation de la fonction respiratoire (du président) en relation avec son état d'immuno-dépression, propre à son état clinique». «Actuellement, il présente une nouvelle et grave infection», a expliqué le ministre sans fournir plus de précisions.

Le président vénézuélien, 58 ans, était rentré par surprise à Caracas le 18 février et avait été immédiatement admis à l'hôpital militaire de la capitale après avoir été hospitalisé pendant plus de deux mois à La Havane où il a subi en décembre une 4e intervention chirurgicale pour un cancer diagnostiqué en juin 2011 dans la région pelvienne.

M. Chavez subit «une chimiothérapie très puissante, entre autres traitements complémentaires», a rappelé le ministre de la Communication. «L'évolution de son état clinique continue d'être très délicate», a-t-il ajouté.

Après cette annonce, une vague de déclarations de soutien a déferlé sur les réseaux sociaux. De leur côté, les étudiants installés dans le quartier de Chacao pour réclamer la vérité sur la santé du président ne cachaient pas leur scepticisme.

«Nous attendons toujours une réponse concrète, qu'ils nous disent si le président est en état de revenir au gouvernement ou non. Si ce n'est pas le cas, que soit déclarée la vacance absolue du pouvoir et qu'on organise des élections», a déclaré à l'AFP l'un d'entre eux, Gerardo Leaiza, âgé de 22 ans et venu de l'État de Zulia (ouest).

Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1999, doit respirer à l'aide d'une canule, après avoir subi une trachéotomie à la suite de complications respiratoires survenues à l'issue de sa quatrième opération, le 11 décembre dernier à Cuba. Il a du mal à parler, a indiqué le gouvernement.

Si depuis le dernier rapport médical datant de onze jours le gouvernement admet que l'évolution de son état de santé «n'a pas été favorable», il affirme toutefois régulièrement que le patient continue de diriger le pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde. Mais il ne parvient pas à étouffer les rumeurs qui courent sur l'état de santé réel de M. Chavez, en l'absence de véritables bulletins médicaux.

Lundi, M. Villegas a de nouveau accusé «des laboratoires étrangers» et «la droite vénézuélienne» de préparer une guerre pour «provoquer des violences, prétextes à une intervention étrangère».

Malgré son retour inopiné de Cuba, annoncé via son compte Twitter, le mystère plane toujours sur le véritable état de santé de M. Chavez qui ne s'est pas exprimé en public depuis son départ le 10 décembre pour Cuba. Seules quelques photos prises dans sa chambre d'hôpital à La Havane ont été dévoilées depuis, à la mi-février, par les autorités vénézuéliennes.

Alternant messages d'optimisme et bulletins alarmants, le gouvernement a demandé qu'on laisse «tranquille» le président pendant qu'il subit une nouvelle chimiothérapie.

De son côté, l'opposition a réclamé dimanche «la vérité» sur la santé d'Hugo Chavez qui s'était dit guéri de son cancer à plusieurs reprises au cours des derniers mois.

Réélu pour un nouveau mandat de six ans en octobre, M. Chavez n'a pas été en mesure de prêter serment. Son investiture, prévue le 10 janvier par la Constitution, a été repoussée sine die par le gouvernement, une décision avalisée par le Tribunal suprême de justice (TSJ), mais contestée par l'opposition.

Avant son départ pour La Havane, M. Chavez avait, dans un geste sans précédent, désigné comme héritier politique son vice-président Nicolas Maduro, pressant le pays de l'élire à la présidence si des élections anticipées devaient être organisées comme prévu par la Constitution en cas de défaillance ou démission du président.