L'ex-dictateur haïtien Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier est convoqué jeudi devant la justice de son pays, qui doit se prononcer sur la nature des faits pour lesquels il peut être jugé, deux ans après son retour inattendu en Haïti, après un exil de 25 ans en France.

«Baby Doc», fils de l'ancien dictateur François «Papa Doc» Duvalier, avait pris le pouvoir en 1971 à 19 ans, perpétuant une longue dictature dans ce pays qui est l'un des plus pauvres du continent américain. Chassé du pouvoir en 1986 par une révolte populaire, il avait effectué un retour spectaculaire en Haïti en janvier 2011.

Il est visé par plusieurs plaintes d'anciens opposants pour arrestations arbitraires, détentions illégales et torture.

En janvier 2012, un juge d'instruction a ordonné son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournements de fonds. Mais il n'a en revanche pas retenu les poursuites pour crimes contre l'humanité, estimant que les faits étaient prescrits. Cette décision avait provoqué l'indignation des organisations de défense des droits de l'homme.

Amnesty International a dépêché un observateur dans la capitale haïtienne pour suivre l'audience en cour d'appel de jeudi, qui doit en particulier permettre d'examiner l'appel formé par les victimes visant cette décision de ne pas engager de poursuites pour crimes contre l'humanité.

Me Frizto Canton, un des avocats de l'ex-dictateur, a affirmé à l'AFP qu'un recours en cassation avait été déposé et que la cour d'appel était par conséquent, selon lui, «dessaisie du dossier».

Installé confortablement dans un quartier huppé dans les hauteurs de Port-au-Prince, Jean-Claude Duvalier n'est pas apparu en public depuis des mois et ses avocats ont usé de tous les arguments pour éviter à leur client un déplacement dans le centre-ville.

Attendu le 7 février dernier devant la justice - date à laquelle il avait été renversé en 1986 -, Jean-Claude Duvalier ne s'était pas présenté, se contentant d'écrire au juge pour demander un report et accusant en passant le tribunal de «prendre position pour la partie civile».

Mercredi, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a rappelé à l'État haïtien son «devoir» de juger les violations des droits de l'homme commises sous le régime de Jean-Claude Duvalier.