L'Équateur se dirigeait dimanche vers une réélection tranquille de son président sortant, Rafael Correa, un des leaders de la gauche latino-américaine, résolu à marquer une dernière fois de son empreinte ce pays de 15 millions d'habitants.

Au pouvoir depuis six ans, cet économiste de 49 ans devait obtenir sans surprise un nouveau mandat jusqu'en 2017, le dernier que lui autorise la loi, selon tous les sondages qui l'ont crédité d'une large avance sur ses concurrents.

Venu voter dans une école dans le nord de Quito, M. Correa, assiégé par une forêt de micros, a exhorté son peuple à choisir son «futur» avec «responsabilité» et «conscience». «Notre destin est entre nos mains», a lancé le chef de l'État, décontracté et souriant.

Les opérations de vote des élections présidentielle et législatives, qui devaient s'achever à 17h00 (22h00 GMT), se sont déroulées «dans la normalité», selon un rapport présenté à la mi-journée par les observateurs internationaux de l'Unasur (Union des nations sud-américaines).

Dirigeant charismatique, M. Correa, crédité de plus de 60% d'intentions de vote dans les derniers sondages avant le scrutin, devait l'emporter dès le premier tour, devant le banquier Guillermo Lasso (20%), son principal rival parmi sept candidats.

Afin de poursuivre sa «révolution citoyenne», le président équatorien, adversaire déclaré du néolibéralisme, visait également une majorité absolue au parlement pour son parti Alianza Pais, qui ne dispose que de 42% des sièges.

Issu d'une famille modeste, ce catholique fervent, formé grâce à une bourse dans une grande université américaine, s'est forgé une forte popularité en utilisant la rente pétrolière, principale ressource, pour financer des programmes de santé et d'éducation ou encore améliorer le réseau routier.

«Les politiciens, ils savent faire des promesses, pas les tenir. Il vaut mieux voter pour Correa, afin qu'il termine ce qu'il a commencé», a confié à l'AFP José Manuel Pilataxi, un paysan de 68 ans à Cangahua, localité au nord de Quito où vit une communauté indigène, ethnie représentant le tiers de la population.

Près de 30% des Équatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16%.

Le style intransigeant de M. Correa , qui a imposé un moratoire sur la dette extérieure et contraint les multinationales pétrolières à verser plus de dividendes, a aussi séduit les Équatoriens qui lui ont accordé une longévité record.

Secoué par une crise qui a conduit à la dollarisation de l'économie en 2000, époque durant laquelle M. Lasso fut brièvement ministre des Finances, ce pays a vu défiler pas moins de sept dirigeants en dix ans, avant cette histoire d'amour et de haine avec M. Correa.

Ses détracteurs l'accusent de dérive autoritaire et pointent ses amitiés avec Cuba, le soupçonnant de briguer la succession de son allié vénézuélien Hugo Chavez comme champion de l'anti-impérialisme.

Même s'il affiche une attitude plus pragmatique, M. Correa a nargué récemment Washington en accordant l'asile au fondateur du site WikiLeaks Julian Assange, célèbre pour avoir révélé les secrets de la diplomatie américaine.

Les milieux d'affaires lui reprochent aussi de faire fuir les investisseurs étrangers et de vouloir mettre au pas les grands groupes de communication avec une loi de régulation de la presse.

Promettant une baisse de la fiscalité et la relance du secteur privé, M. Lasso, qui a voté dans le port de Guayaquil (sud-ouest), s'est dit persuadé que les Équatoriens sauraient «prendre la meilleure décision».

Convaincu de pouvoir pousser M. Correa à un ballottage, il a souligné que son camp réaliserait son «propre comptage» et ne s'exprimerait que lorsque l'autorité électorale aurait annoncé une «tendance définitive».