La libération par la guérilla colombienne des FARC de deux policiers capturés le 25 janvier prévue ce jeudi a été reportée sine die, a annoncé la Croix-Rouge internationale (CICR), à qui les deux hommes devaient être remis.

«La libération qui était prévue aujourd'hui (jeudi) ne va pas se réaliser et nous espérons qu'elle pourra avoir lieu le plus rapidement possible après avoir résolu quelques questions en suspens», a indiqué lors d'une conférence de presse à Bogota le président du CICR, Peter Maurer.

«Le CICR continue de travailler pour que ces personnes soient libérées le plus rapidement possible», a-t-il ajouté. Il n'a pas précisé les raisons de ce report.

Une mission composée de membres du CICR ainsi que de l'ex-sénatrice Piedad Cordoba est partie jeudi matin de Cali (500 km au sud-ouest de Bogota) pour récupérer les policiers Cristian Camilo Yate et Victor Gonzalez, dans un lieu secret, entre les départements du Cauca et de Valle del Cauca.

Sur son compte Twitter, Mme Cordoba a fait porter la responsabilité de ce report sur la présence de journalistes dans la zone de remise.

«La présence de médias a empêché la mission humanitaire. Les FARC ont décidé de reporter la remise des policiers. Ne vous découragez pas, nous les verrons en liberté et nous espérons en finir samedi, avec la remise des policiers et du soldat», a-t-elle écrit.

Mardi, le CICR avait indiqué que la guérilla relâcherait «en deux étapes», jeudi et samedi, deux policiers et un militaire capturés fin janvier.

Lors d'un déplacement en province, le président Juan Manuel Santos a qualifié d'«inacceptable» ce report et exigé que la guérilla «les libère rapidement, maintenant».

Le gouvernement colombien avait suspendu depuis mercredi soir et pour 36 heures ses opérations militaires dans la zone, afin de faciliter la remise des otages.

Les deux policiers avaient été capturés le 25 janvier dans la province du Valle del Cauca (sud-ouest) et le soldat cinq jours plus tard dans celle de Nariño (sud), deux régions où est bien implantée la guérilla marxiste, qui comptent encore selon le gouvernement 8000 combattants après 48 ans d'existence.

La guérilla avait annoncé qu'elle les considérait comme des «prisonniers de guerre», une version contestée par le président colombien Juan Manuel Santos. L'an dernier, la rébellion avait libéré les derniers policiers et militaires qu'elle détenait en otage, après avoir renoncé officiellement aux enlèvements de civils contre rançon.

La récente capture des policiers et du soldat n'a toutefois pas interrompu les négociations de paix, qui se tiennent en terrain neutre à Cuba sans cessez-le-feu en Colombie, une option proposée par la guérilla, mais exclue par M. Santos avant de parvenir à un accord final.

Les pourparlers visent à mettre fin au plus vieux conflit d'Amérique latine qui a fait en un demi-siècle quelque 600 000 morts, 15 000 disparus et près de 4 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.