Annoncée par une explosion de feux d'artifices, l'école de samba «Inocentes de Belfort Roxo» avec ses 4000 participants aux parures multicolores extravagantes et chars monumentaux, a ouvert dimanche soir les défilés du carnaval sur le sambodrome de Rio.

«Je suis un peu nerveux, c'est la première fois que je défile et c'est la première fois que l'école défile. Mais c'est la plus grande fête du monde et ça va être merveilleux», déclare à l'AFP Rodrigo Gonçalves, 37 ans, au moment d'enter en piste. Il porte un costume blanc avec des  lettres en coréen dans le dos.

C'est en effet la première fois que cette école, fondée en 1993 dans la banlieue nord de Rio, défile avec les meilleures de la ville, grâce à sa forte performance l'année dernière dans les défilés de deuxième division.

Elle a choisi de rendre hommage à la Corée du Sud en cette année 2013, premier cinquantenaire de l'immigration coréenne au Brésil. Son défilé s'intitule «Les sept confluences du fleuve Han».

Vendredi, la popstar coréenne Psy était l'invité du carnaval de Salvador de Bahia (nord-est) et samedi il a assisté à Rio aux défilés des écoles de samba du groupe «d'accès» (de deuxième division).

Compétition serrée

Ces défilés se déroulent devant un public de 72 500 privilégiés sur le sambodrome, une piste de 720 mètres bordée de gradins à ciel ouvert et de loges pour VIP.

L'actrice américaine Megan Fox, 26 ans, assistait aux défilés. Lors d'une conférence de presse préalable, elle a confié qu'elle «adorerait avoir un bumbum (derrière) de brésilienne». Les Brésiliennes sont connues pour avoir des fesses rebondies.

Nées dans les favelas, les écoles se disputent le titre convoité de «Championne du carnaval» avec leur lot de reines de beauté tout juste couvertes de quelques paillettes. Elles sont notées par 40 juges sur des critères bien précis. Après Inocentes ce sera le tour de Salgueiro, aux couleurs rouge et blanc, qui a choisi d'exalter la «célébrité».

Ses centaines de percussionnistes sont tous déguisés en Che Guevara.

«Il est très célèbre, n'est-ce pas?», dit Felipe Andrade, 29 ans, qui «chauffe» son tambour rouge alors que les fans de cette école crient déjà «Elle est championne!».

Viendront ensuite, Unidos da Tijuca, qui transportera le spectateur en Allemagne, Uniao da Ilha, qui chantera le poète Vinicius de Moraes, l'un des auteurs de la célèbre «Fille d'Ipanema» et Mocidade Independente avec un thème sur le Rock and roll.

La dernière école à passer, quand le jour se lèvera, sera Portela, qui rendra hommage au quartier de Madureira, berceau de la samba.

Un défilé coûte de 2 à 5 millions de USD

Chaque défilé coûte de deux à cinq millions de dollars et se prépare pendant un an. Autrefois exclusivement financé par les mafieux des jeux clandestins, ce sont de plus en plus des entreprises brésiliennes et étrangères qui les parrainent.

A l'exemple de Rio, c'est tout le Brésil, un pays de 194 millions d'habitants et aujourd'hui la sixième économie du monde, qui a plongé dans le carnaval, une tradition de plus de 150 ans.

Seule exception, Santa Maria (sud du Brésil) et les villes voisines, en deuil après un incendie dans une discothèque qui s'est transformé en piège mortel pour 239 jeunes il y a trois semaines.

C'est vendredi que le roi Momo de 150 kilos, symbole de tous les excès, a donné le coup d'envoi officiel au carnaval dont les défilés de dimanche et lundi sont l'apothéose.

Au même moment, à l'aéroport international, aux cris de «Le Brésil n'est pas un bordel!», des militantes du mouvement féministe Femen protestaient, seins nus peinturlurés, contre le tourisme sexuel.

Sans attendre ces deux nuits de défilés, le carnaval populaire a déjà envahi les rues avec ses «blocos».

Le «Bola Preta», a drainé 1,8 million de personnes au centre de Rio samedi.

Plus de 900 000 touristes brésiliens et étrangers seront venus cette année à Rio pour le carnaval, selon la mairie.

Prévoyant, le ministère de la Santé a distribué gratuitement près de 69  millions de préservatifs dans tout le pays.

Depuis que Rio a été choisie en 2009 pour organiser les Jeux olympiques de 2016, les autorités s'efforcent de redorer son image. Cette année, près de 14 500 policiers, hommes et femmes, ont été mobilisés pour assurer la sécurité.