Concurrencés par les défilés des écoles de samba, les concours de déguisements de luxe veulent reprendre la place qu'ils avaient dans les années 1980: samedi dans un club chic de Rio, 24 concurrents hommes et femmes ont présenté de somptueux costumes de 50 000 dollars.

Flavio Rocha, 56 ans, avocat de profession, se présente en «Amoureux de la Lune», un costume noir avec paillettes et strass argenté surmonté d'une gigantesque coiffe de plumes noires.

«Ce costume pèse 40 kilos et coûte 40 000 dollars», dit-il à l'AFP avant d'entrer dans le Salon social du club Monte Libano où 19 juges évaluent le faste du costume, mais aussi comment il est présenté par le participant.

«On doit donner vie au costume; on marche, on tourne (...) Quand je revêts le costume, j'oublie tout ce qu'il y a autour de moi, je suis aux anges», ajoute-t-il.

«Je n'ai rien reçu (pas un sou, ndlr) de personne. Je fais tout par amour du carnaval», explique Flavio qui a passé «six mois à confectionner son oeuvre».

Outre Flavio, six autres concurrents sont en compétition dans la catégorie «Luxe masculin». Ils défilent sur une musique de leur choix pendant trois minutes.

Il semble difficile de dire quel est le plus beau.

«Dans ces concours, on évalue le côté plastique, le luxe, le brio, la créativité et aussi le charme de celui qui défile, bien sûr», affirme à l'AFP, Marcia Verissimo, l'une des juges.

Dix des 24 candidats sont en lice dans la catégorie «originalité», sept hommes et trois femmes.

C'est un sorcier en patin à roulettes sur balai, avec un costume fait de sacs-poubelle noirs qui l'emporte.

Dans la catégorie «Luxe féminin», quatre concurrentes sont en lice.

Jussara Calmon, vit à Oslo, mais elle est venue à Rio, sa ville natale, présenter son déguisement de «Déesse de l'agriculture», en plumes de paon, d'autruche et de strass, dans les tons vert qui brillent de mille feux.

Elle tourne gracieusement et lentement, en raison de l'ampleur de son costume, devant les juges, large sourire aux lèvres. Le public, pas très jeune dans l'ensemble, l'applaudit.

Une somptueuse «Reine africaine» au costume de 100 000 reais (50 000 dollars), selon le présentateur, lui fait suite. Elles remporteront les 1e et 2e places respectivement.

«Je suis venue assister à ce spectacle si beau  qui existait avant et a été oublié avec les écoles de samba», dit Cecilia Tinoco, 65 ans.

«Cela faisait partie de notre carnaval comme les grands bals du Copacabana Palace ou du Théâtre Municipal», précise-t-elle.

Les photos de ces défilés et bals faisaient la Une de toutes les grandes revues people de Rio.

Belino Mello, responsable du concours affirme que ces compétitions de luxe «reviennent en force depuis deux ou trois ans».

C'est grâce à lui qu'ils se sont maintenus toutes ces dernières années face au défilé du sambodrome qui ont pris le dessus, avec un public beaucoup plus nombreux (72 500 spectateurs) que celui d'un salon d'un club ou grand hôtel.

La juge Romy di Vitti abonde dans son sens: «Le maire de Rio (Eduardo Paes) est décidé à faire revivre le carnaval d'autrefois», assure-t-elle, rappelant que le carnaval de rue connaît lui aussi un véritable «revival» depuis quatre ans.

Flavio, l'Amoureux de la Lune qui a terminé 3e derrière «Toutankhamon» et la «Séduction des grands océans» lance un appel aux écoles de samba: «On a besoin de personnes qui investissent pour redonner de la vie à ces concours. Ne faites pas seulement votre déguisement  pour l'école de samba, mais profitez-en pour les présenter dans des concours de luxe. C'est vous qui passez une année entière à les confectionner».