Plusieurs milliers de Vénézuéliens ont participé jeudi à un rassemblement géant à Caracas qui a culminé avec une déclaration de fidélité à Hugo Chavez, hospitalisé à Cuba depuis un mois et dans l'incapacité d'assister à son investiture ce 10 janvier comme prévu par la Constitution.

Le vice-président vénézuélien Nicolas Maduro a lu cette «déclaration collective de loyauté à Chavez et à la patrie», dont chaque phrase a été reprise à l'unisson par les partisans du président rassemblés en masse devant une scène installée près du palais présidentiel de Miraflores.

«Je jure sur la Constitution bolivarienne que je défendrai la présidence d'Hugo Chavez dans la rue, avec sagesse, avec la force et l'intelligence d'un peuple qui s'est libéré du joug de la bourgeoisie», ont notamment déclaré en choeur la foule et les personnalités du gouvernement, main droite sur le coeur et main gauche levée.

«Commandant, rétablissez-vous. Ce peuple a prêté serment et vous assure de sa loyauté absolue», a conclu M. Maduro, à qui Hugo Chavez a confié une partie de ses pouvoirs avant de quitter le pays le 10 décembre dernier.

Des dizaines de milliers de Vénézuéliens vêtus de rouge, la couleur du parti au pouvoir, avaient envahi jeudi le centre de la capitale à l'appel du gouvernement pour célébrer le début du nouveau mandat du président, alors que son état se santé continue de susciter l'inquiétude. Hugo Chavez demeure totalement invisible depuis sa quatrième opération d'un cancer le 11 décembre à La Havane.

«Comme il n'a pas pu venir, nous sommes ici pour prêter serment. Parce que nous l'aimons», avait notamment confié à l'AFP Cleofelia Aceros, une militante «chaviste» alors qu'autour du palais présidentiel de Miraflores, les petites rues du centre historique étaient totalement engorgées et inaccessibles.

Plusieurs ministres du continent et trois chefs d'État de pays amis, le Bolivien Evo Morales, le Nicaraguayen Daniel Ortega et l'Uruguayen José Mujica, ont également été acclamés par la foule en prononçant de brefs discours.

«Chavez reviendra vite pour diriger» le pays, «notre meilleur hommage aujourd'hui est l'unité», a déclaré Evo Morales.

Par ailleurs, la présidente argentine Cristina Kirchner devait se rendre à Cuba jeudi soir, suivie du président péruvien Ollanta Humala vendredi.

Après ce 10 janvier, une nouvelle période s'ouvre donc pour le Venezuela et la page du bras de fer entre le gouvernement et l'opposition, qui protestait contre le «vide institutionnel» provoqué par l'absence du président, a été tournée mercredi.

L'opposant principal, Henrique Capriles, a en effet annoncé qu'il acceptait le feu vert donné plus tôt dans la journée par le Tribunal suprême de justice (TSJ) à un report de l'investiture, tout en exprimant des réserves sur l'indépendance de la juridiction suprême.

Le TSJ a considéré que la prestation de serment du président, réélu en octobre, «pourrait intervenir à une date postérieure au 10 janvier devant le TSJ», et que son gouvernement et le vice-président resteraient en fonctions au-delà de cette date.

Mercredi, en marge du rassemblement du centre-ville, plusieurs députés de la principale coalition de l'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), ont appelé à leur tour à une «démonstration de force» le 23 janvier à Caracas «pour le rétablissement de la défense de la Constitution» après la décision du TSJ.

Si cet appel n'a pas encore été repris par les ténors de l'opposition - Henrique Capriles et le chef de la MUD, Ramon Guillermo Aveledo - le vice-président a dénoncé dans son discours les rassemblements à venir de «l'ultra-droite», qui cherche, selon lui, «à entacher cette période» en fomentant des «violences».

Le Venezuela se trouve dans une situation inédite dans son histoire avec cette absence annoncée du président, au pouvoir depuis 1999, pour cette cérémonie d'investiture.

Le gouvernement a confirmé mardi que le président socialiste, âgé de 58 ans, dont l'état de santé continue de susciter l'inquiétude, resterait à La Havane jeudi sur recommandation de ses médecins. Les autorités avaient indiqué lundi qu'il se trouvait dans un état «stationnaire» après avoir été victime d'une «grave infection pulmonaire».

L'Assemblée, dominée par le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) d'Hugo Chavez, a voté mardi une résolution accordant au président «tout le temps nécessaire pour se soigner». La nature et la localisation exactes de son cancer n'ont jamais été révélées.