Le président colombien Juan Manuel Santos a mis dimanche la pression sur les négociations de paix lancées avec la guérilla des FARC, en exigeant d'aboutir à un accord au plus tard en novembre 2013, pour mettre fin au plus vieux conflit d'Amérique latine.

«Cela ne peut être un processus qui dure des années, mais des mois. Donc cela ne doit pas se prolonger au delà de l'année prochaine. Novembre de cette année au plus tard. Et je dirais même avant», a annoncé M. Santos, dans un discours prononcé lors d'une cérémonie politique dans le port caribéen de Carthagène.

Le chef de l'Etat a toutefois souligné qu'il était «important d'avoir de la patience et de ne pas exiger des résultats immédiats», rappelant la «complexité» des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

Lancés en octobre dernier en Norvège, les pourparlers entre des représentants du gouvernement et de la rébellion marxiste se sont poursuivis le 19 novembre à Cuba, autre pays garant du processus de paix, afin de résoudre ce conflit qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes.

Les négociations doivent s'articuler autour de cinq points particulièrement épineux: le développement rural, la participation des FARC à la vie politique, la fin des hostilités, la lutte contre le trafic de cocaïne - dont la Colombie est le premier producteur mondial - et enfin les droits des victimes.

Aucune date limite n'est officiellement prévue pour les négociations et le groupe rebelle, qui insiste sur les causes sociales du conflit, a déjà exprimé à plusieurs reprises son rejet d'une «paix express».

Jusqu'à présent, les débats, qui se tiennent à huis-clos à La Havane, se sont déroulés dans un climat plutôt apaisé, même si très peu d'informations ont filtré sur leur contenu.

Après un premier round de discussions qui s'est achevé jeudi, le chef de la délégation gouvernementale, l'ancien vice-président Humberto de la Calle, a assuré que le processus avait «avancé comme prévu».

Le représentant des FARC, Ivan Marquez, numéro deux de la guérilla, avait aussi affiché sa «foi immense» dans le dialogue, se réjouissant notamment d'avoir pu se mettre d'accord avec le gouvernement pour organiser en décembre à Bogota un forum sur le thème rural avec des représentants de la société civile.

Avant la reprise des négociations, prévue le 5 décembre, le président Santos a néanmoins tenu à effectuer un rappel à l'ordre assez ferme à l'égard des guérilleros.

«Si ce qu'ils veulent, c'est de nouveau utiliser la table (de dialogue) pour faire leur révolution par décret, ici à Cuba, et transformer la constitution, le pays, et les politiques publiques, alors il n'y aura pas de paix», a-t-il averti.

En revanche, le président colombien a assuré les FARC de «sa meilleure disposition» et de toutes les «garanties», à condition que la rébellion accepte de «passer des balles aux votes» et de tenter d'«atteindre ses objectifs par des voies démocratiques».

La fermeté des autorités s'est aussi vérifiée sur le terrain militaire au cours des derniers jours.

Alors que la guérilla s'est engagée à respecter un cessez-le-feu-unilatéral de deux mois, jusqu'au 20 janvier, l'armée a reçu pour instruction d'intensifier son action contre les insurgés, M. Santos ayant exclu toute trêve avant de parvenir à un accord final.

Samedi dernier, quatre membres des FARC, dont le chef d'un front régional, ont été tués et trois ont été faits prisonniers lors d'opérations militaires dans le centre de la Colombie

Fondées en 1964, dans la foulée d'une insurrection paysanne, les FARC, la principale guérilla colombienne, comptent encore, selon les autorités, quelque 9200 combattants, essentiellement repliés dans les zones rurales du pays.