Le président vénézuélien Hugo Chavez a décrété «l'état d'urgence pour les infrastructures» des prisons du pays le temps de mettre en place un plan de réhabilitation de centres pénitentiaires aujourd'hui surpeuplés, insalubres et en proie à une violence souvent meurtrière.

«Il est urgent et pressant, pour s'attaquer à la crise pénitentiaire, de prendre des mesures immédiates pour réaliser les transformations du système carcéral», indique un décret signé jeudi par le président et publié vendredi.

Ce «décret d'état d'urgence», en vigueur pour trois mois renouvelables, prévoit notamment la construction de nouveaux centres de réclusion réservés aux détenus pas encore jugés, afin de les séparer des autres prisonniers.

La ministre des Affaires pénitentiaires Iris Varela a par ailleurs précisé que 23 de ces nouvelles prisons doivent être construites, soit une pour chacun des États du pays, mais n'a pas annoncé de délai.

Le décret prévoit également de doter de «biens et services» les prisons du pays pour garantir aux prisonniers en détention préventive une «existence digne».

Les prisons vénézuéliennes souffrent d'insalubrité, de surpeuplement et de violences, et sont souvent contrôlées par des bandes de prisonniers fortement armés. En août dernier, 25 personnes avaient été tuées dans des affrontements entre bandes rivales dans la prison de Yare I, près de Caracas.

Selon des chiffres officiels, les centres de détention du pays hébergent quasiment 50 000 prisonniers pour 14 000 places. Parmi ces prisonniers, 70% d'entre eux seraient encore en attente de jugement.

Le président Chavez avait créé le ministère des Affaires pénitentiaires dans la foulée d'une mutinerie qui avait fait plus d'une trentaine de morts en juin 2011 dans les environs de Caracas.

Le Venezuela est le pays le plus violent d'Amérique latine, avec près de 20 000 meurtres comptabilisés en 2011 par l'ONG Observatoire vénézuélien de la violence (OVV).