Les Vénézuéliens étaient fortement mobilisés dimanche pour un scrutin présidentiel devant départager le sortant Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1999, et l'opposant Henrique Capriles Radonski, partisan d'une rupture avec la «révolution socialiste» de son adversaire.

À la mi-journée, la présidente du Conseil national électoral (CNE), Tibisay Lucena, a fait état sur la chaîne de télévision publique VTV d'une «participation massive» dans les quelque 13.800 bureaux de vote du pays, où aucun incident n'a été relevé pour cette élection placée sous la protection de 139.000 militaires.

Après avoir glissé son bulletin dans l'urne dans le quartier populaire de 23 de Enero, dans l'ouest de Caracas, Hugo Chavez a assuré à la presse que tous les candidats diraient «amen» aux résultats dévoilés dans la soirée par le CNE.

«Tous les politiques responsables reconnaîtront» les résultats «quels qu'ils soient», a insisté le chef de file de la gauche radicale «anti-impérialiste» latino-américaine.

Henrique Capriles a voté peu après dans le quartier chic de Mercedes (est de Caracas), dont il a été maire, et déclaré aux journalistes que son camp «respecterait» ce que «le peuple va dire» à l'issue du scrutin.

«Pour savoir gagner, il faut savoir perdre», a estimé M. Capriles.

Ce scrutin constitue le plus grand défi électoral auquel Hugo Chavez a fait face depuis sa première élection en 1998, jamais l'opposition de droite et de gauche n'étant jusqu'à ce jour parvenue à s'unir à ce point derrière un candidat commun.

À une semaine de l'élection, la majorité des enquêtes d'opinion plaçaient le sortant en tête des intentions de vote pour obtenir un nouveau mandat de six ans. Toutefois, l'écart le séparant de son principal concurrent s'est progressivement réduit, notamment à la faveur d'une campagne de terrain marathon de M. Capriles.

En 2006, M. Chavez avait été réélu avec plus de 25 points d'avance sur son principal concurrent, Manuel Rosales.

Quelque 19 millions d'électeurs étaient appelés à se  prononcer et bon nombre d'entre eux avaient déjà formé des files d'attente dès avant l'aube devant certains bureaux de la capitale, ouverts à 06H00 locales (10H30 GMT).

«Je suis ici depuis 02H00 ce matin afin d'exercer mon droit de vote et consolider ce que nous avons obtenu», a déclaré à l'AFP Richard Lozano, un électeur pro-Chavez qui patientait devant un bureau de vote du quartier populaire de Petare, à Caracas.

Miguel de Vares, 29 ans, rencontré dans le quartier aisé de Chacao, assurait quand à lui que «les gens étaient en quête de quelque chose de différent» dans ce scrutin.

«Je n'ai jamais connu d'autre gouvernement. Quand Chavez est arrivé, j'avais 4 ou 5 ans, je ne me souviens pas d'un autre président dans mon pays et cela ne me paraît pas juste», confiait pour sa part Maria Fernanda Trabaglini, 18 ans, devant le même bureau de vote.

L'ancien lieutenant-colonel, âgé de 58 ans, un temps affaibli par un cancer diagnostiqué en juin 2011, bénéficie toujours d'un fort soutien populaire parmi les 28,9 millions de Vénézuéliens, en raison notamment des nombreux programmes sociaux mis en place par son gouvernement.

Financés par la rente pétrolière, ces programmes ont permis d'améliorer la vie de nombreux Vénézuéliens dans les domaines de la santé, du logement ou de l'éducation, mais le pays reste en proie à une forte criminalité, une inflation galopante (26,7% en 2011 selon la Banque centrale) et une corruption endémique (le Venezuela est 172e sur 182 dans le classement 2011 des pays les plus corrompus établi par Transparency International).

M. Capriles, célibataire de 40 ans, a été investi en février à l'issue de primaires inédites organisées par une trentaine de partis. Au cours de la campagne, il a insisté sur la nécessité de réconcilier le pays, après 13 années de «chavisme» caractérisées par un clivage politique croissant entre pro et anti-Chavez.

Le week-end dernier, trois militants pro-Capriles ont été tués par balle dans des heurts entre militants des deux camps dans l'ouest du pays.

Ce nouveau défi électoral pour Hugo Chavez, déjà réélu deux fois depuis sa première victoire en décembre 1998 et cible en 2002 d'une tentative de coup d'État, est observé de près à l'étranger, où le personnage et sa politique sont souvent controversés.

Ses alliés de la région, notamment les pays bénéficiant des largesses d'un pays abritant les premières réserves de brut au monde, à travers l'alliance Petrocaribe regroupant 18 nations des Caraïbes, surveillent également les résultats de ce scrutin.

De nombreux électeurs de l'étranger étaient également appelés à voter, particulièrement aux États-Unis et en Espagne, soit respectivement quelque 37.000 et 20.000 électeurs.

Les bureaux de vote devaient fermer vers 18h, heure locale.