«On a voulu me mettre nue. J'ai résisté et j'en ai payé le prix», raconte la blogueuse dissidente cubaine Yoani Sanchez, dans un témoignage diffusé samedi par le journal El Pais, dont elle est correspondante, après 30 heures de rétention par les autorités cubaines.

Elle a été relâchée vendredi après son arrestation à Bayamo, dans le sud-est de Cuba, où elle venait couvrir le procès d'un homme politique espagnol Angel Carromero, 27 ans, qui conduisait la voiture dans laquelle est mort cet été le dissident Oswaldo Paya.

La blogueuse raconte comment cette arrestation lui a permis de vivre de l'intérieur «la pression exercée sur un détenu» par les autorités cubaines.

Selon elle, après son arrestation analogue à celle habituellement réservée à «une bande de trafiquants de drogue ou un tueur en série», elle a été placée dans une pièce par trois femmes en uniforme qui ont tenté de la déshabiller.

«J'ai résisté et j'en ai payé le prix», écrit-elle, évoquant un moment de «tension maximum» mais sans en dire plus.

Elle raconte ensuite comment un policier a tenté de «dialoguer» pour lui soutirer un témoignage afin de l'utiliser contre elle, comme ils ont procédé pour Carromero, selon elle.

«Mais le piège est si connu, tellement fréquent, que je ne suis pas tombée dedans», dit-elle. "Je me suis imaginée immédiatement Carromero soumis à la même pression et la même menace"... difficile de tenir sur le long terme».

Elle résiste et se protège en répétant à l'envi : «J'exige que vous m'accordiez un appel téléphonique, c'est mon droit».

La police consentit par lui accorder un appel à son père. Mais ensuite, la blogueuse entre dans la deuxième phase. «Je l'ai appelée hibernation». «J'ai refusé de manger, de boire. J'ai refusé l'examen médical de plusieurs médecins», raconte-t-elle.

La plupart du temps, elle est filmée et soumise à une pression morale permanente. «Une épreuve qui ne s'accompagne ni de torture ni de coups, mais de la conviction que l'on ne peut se fier à personne entre ces murs».

Mais la dissidente souligne que ce qui lui est arrivé n'est «qu'un faux pas : le grand drame reste la mort de deux hommes et la détention d'un autre».