Andres Manuel Lopez Obrador, candidat malheureux de la gauche à la présidence mexicaine en 2006 et 2012, a appelé dimanche à la formation d'un nouveau parti politique devant 100 000 personnes rassemblées sur le Zocalo, la grande place centrale de Mexico.

Annonçant son départ du Parti de la révolution démocratique (PRD), le principal parti de la gauche mexicaine, il a demandé à ses partisans de le rejoindre dans son Mouvement pour la rénovation nationale (Morena), qu'il entend transformer en parti.

«Je vais dédier toute mon imagination et tout mon travail à la cause de la transformation du Mexique et je le ferai depuis Morena, et c'est pour cela que je vais me séparer des partis du Mouvement progressiste», qui l'ont soutenu pendant la présidentielle de 2012.

Il a appelé ses partisans à décider de la création d'un nouveau mouvement dans des assemblées populaires, à partir du 12 septembre. «Nous allons décider si Morena va continuer comme une association civile ou s'il se constitue en parti politique».

Au Mexique, il n'est pas possible de se présenter à des élections en dehors du cadre d'un parti.

Lopez Obrador a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une «rupture» et qu'il prenait congé «dans les meilleurs termes» du PRD, du Parti du travail (PT) et du Mouvement citoyen, les trois partis de la coalition de gauche formée pour l'élection présidentielle du 1er juillet.

Ce scrutin, dont les résultats ne sont pas reconnus par Lopez Obrador qui accuse son rival d'avoir acheté des votes et utilisé des fonds «de provenance illicite», a été remporté par Enrique Peña Nieto avec 39,2% des voix, contre 31,6% à Lopez Obrador.

En 2006, après sa défaite par une marge de 0,56% contre l'actuel président sortant conservateur Felipe Calderon, Lopez Obrador avait organisé pendant plus de six semaines le blocage du Paseo de la Reforma, la principale avenue de Mexico, pour protester également contre une supposée fraude électorale.

Cette fois-ci, Lopez Obrador a annoncé pour le 1er décembre prochain, date de l'investiture officielle d'Enrique Peña Nieto comme président de la République, des actions «sur toutes les places publiques du pays».

Mais il souhaite que sa protestation reste pacifique. «On doit tenter la transformation par la voie pacifique et électorale, en respectant les autres points de vue. Je ne considère pas la violence comme une alternative», a-t-il souligné.

Dans la foule, Armando Roman, un enseignant venu de l'État du Queretaro, portait une pancarte portant la carte du Mexique ceint d'un brassard noir en signe de deuil.

«Le Mexique est en deuil, car on nous a imposé le retour du PRI, mais nous ne pouvons pas nous laisser abattre et avec Morena s'ouvrent de nouvelles perspectives», a-t-il dit.

Selon Octavio Islas, analyste politique de l'Institut technologique de Monterrey, la sortie de Lopez Obrador du PRD et la perspective de la création d'un nouveau parti de gauche «est une rupture attendue depuis des années».

Pour l'analyste, cette décision a été prise dans la perspective de la présidentielle de 2018, mais cela va affaiblir la gauche mexicaine «prisonnière d'une guerre de fractions».

Contrairement à Lopez Obrador, le PRD a annoncé qu'il respecterait le jugement du tribunal électoral qui a validé le triomphe de Peña Nieto le 31 août.