Enrique Peña Nieto, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a été officiellement proclamé vendredi président élu du Mexique, deux mois après l'élection du 1er juillet dont les résultats restent contestés par le candidat de la gauche, Manuel Lopez Obrador, arrivé en seconde position.

Le Tribunal fédéral électoral a annoncé que les résultats définitifs du scrutin donnaient 19,1 millions de voix (38,2%) à M. Peña Nieto, suivi par Andres Manuel Lopez Obrador, de la coalition de gauche, avec 15,8 millions de voix (31,6%), et par Josefina Vazquez Mota, candidate du Parti action national (PAN) du président sortant conservateur Felipe Calderon, avec 12,7 millions de voix (25,4%).

«En conséquence, il est résolu que le candidat qui a obtenu la majorité des voix lors des élections à la présidence, selon le décompte, est le citoyen Enrique Peña Nieto, président élu», a déclaré le président du tribunal, Jose Alejandro Luna Ramos, après le vote unanime des 7 juges composant l'instance électorale suprême du Mexique.

M. Peña Nieto, un avocat de 46 ans, ex-gouverneur de l'État de Mexico, assumera la fonction présidentielle le 1er décembre pour la période 2012-2018. Son élection marque le retour, après douze ans d'absence, du PRI qui avait gouverné le Mexique sans interruption de 1929 à l'an 2000.

Outre le rejet de la gauche, la perspective du retour du vieux parti issu de la Révolution mexicaine du début du XXe siècle avait provoqué la mobilisation d'une partie de la jeunesse étudiante regroupée dans le mouvement Yosoy132. Mais jeudi soir, ce mouvement n'avait réussi à regrouper que 300 personnes devant le tribunal électoral.

La proclamation de l'élection de M. Peña Nieto intervient après le rejet la veille par le tribunal électoral, également à l'unanimité, du recours en invalidation de l'élection présidentielle déposé le 12 juillet par la gauche.

M. Lopez Obrador avait refusé jeudi de reconnaître la décision du tribunal et appelé ses partisans à la mobilisation.

«Les élections n'ont été ni propres ni libres ni régulières, en conséquence, je ne vais pas reconnaître un pouvoir illégitime né de l'achat de votes et d'autres violations graves de la Constitution et des lois», a commenté vendredi le candidat défait, qui avait déjà perdu l'élection présidentielle de 2006, par une différence minime de 0,56% des voix avec le vainqueur Felipe Calderon.

Le candidat de la gauche a appelé ses partisans à se rassembler le 9 septembre sur le «Zocalo», la place principale de Mexico.

«La désobéissance civile est un devoir honorable quand elle s'applique contre les voleurs de l'espérance et du bonheur du peuple. J'appelle tous les défenseurs de la démocratie à se réunir sur le Zocalo (...), là, nous définirons la suite» à donner à la mobilisation, a déclaré M. Lopez Obrador.

Cet appel à la mobilisation ne semble pas toutefois promettre une protestation à l'échelle de celle qu'avait connue le Mexique après le résultat contesté de 2006. À cette époque, des centaines de milliers de partisans de M. Lopez Obrador avaient bloqué pendant deux mois le centre de Mexico.

Jeudi soir, le futur président mexicain a appelé sur son compte Twitter à «aller de l'avant, avec le dialogue, l'entente et des accords». «Avançons ensemble pour l'unité et la grandeur du Mexique», a-t-il écrit.

M. Peña Nieto était attendu vendredi après-midi au tribunal électoral pour recevoir le document officiel confirmant son élection. Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés à l'extérieur du tribunal, maintenu sous une forte protection policière.