Un accord visant à ouvrir des négociations à l'étranger a été conclu entre le gouvernement de Colombie et la guérilla des Farc, avec notamment pour objectif de parvenir à un cessez-le-feu, selon un texte publié mercredi par la presse colombienne.

Le document prévoit des «discussions directes et ininterrompues» afin de «parvenir à un accord final pour la fin du conflit» opposant depuis près d'un demi-siècle les autorités à la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Ces pourparlers se dérouleraient en territoire neutre avec l'appui de Cuba, et de la Norvège, en tant que «garants», ainsi que du Venezuela et du Chili comme «accompagnateurs», selon le texte dévoilé par le journaliste Francisco Santos, ancien vice-président du pays, sur le site de la radio RCN.

Aucune confirmation officielle n'a été apportée à la suite de la publication de l'accord par M. Santos, également ancien vice-président du gouvernement d'Alvaro Uribe (2002-2010).

Cet ex-responsable, par ailleurs cousin de l'actuel chef de l'Etat, dont il est toutefois un opposant politique, avait aussi affirmé lundi que le cycle de négociations s'ouvrirait en octobre prochain à Oslo.

Selon le document publié mercredi, la table des négociations devrait s'installer à Oslo un mois après la confirmation officielle de l'accord, même si le siège principal des négociations se trouvera à La Havane.

Un des points abordés dans le texte porte sur l'instauration d'un «cessez-le-feu bilatéral» avec un «arrêt définitif des hostilités», une option jamais appliquée lors des précédentes tentatives de négociations.

L'appel à un cessez-le-feu est régulièrement lancé par la communauté internationale et l'ONU.

Il a été relayé mercredi par l'ex-sénatrice colombienne Piedad Cordoba, médiatrice auprès des Farc, assurant que la guérilla y était «disposée».

«Il est très important que le gouvernement et la rébellion signent un pacte de cessez-le-feu bilatéral», a déclaré la présidente du collectif Colombiennes et Colombiens pour la Paix, lors d'une conférence de presse à Bogota.

Mme Cordoba, dont la médiation a permis dans le passé la libération de plusieurs otages des Farc, a prôné à cette fin un «contrôle permanent de la communauté internationale».

Tout en saluant l'initiative du gouvernement, elle a enfin appelé certains ministres à bannir le «langage de la guerre» et souhaité que le «mouvement social» s'invite aussi à la table des négociations.

Le premier chapitre de l'accord dévoilé dans la presse concerne la «politique du développement agraire», la question de la répartition et de la spoliation des terres étant la revendication à l'origine de la naissance même de la guérilla il y a 48 ans.

Un autre point aborde le thème de la «révision de la situation» des membres de la guérilla poursuivis ou déjà condamnés par la justice.

Au pouvoir depuis 2010, le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé lundi avoir autorisé des «discussions exploratoires» avec la rébellion, mais en soulignant que les actions militaires se poursuivraient.

Fondées en 1964, les Farc, principale guérilla du pays, comptent encore, selon les autorités, quelque 9200 combattants, selon les autorités, essentiellement repliés dans les régions rurales.

La seconde guérilla communiste, l'Armée de libération nationale (ELN), forte de 2500 hommes, n'a pas exclu de se joindre aux pourparlers avec le gouvernement.