Un million de passagers se sont retrouvés sans métro mardi à Buenos Aires pour la quatrième journée consécutive en raison d'une grève du syndicat du secteur qui provoque embouteillages monstres et files d'attente interminables aux arrêts de bus, a constaté une journaliste de l'AFP.

«C'est un désastre : hier je suis devenue folle et aujourd'hui je ne sais pas comment je vais faire», racontait mardi matin à l'AFP Beatriz, 55 ans, qui enseigne l'anglais à domicile, près de l'arrêt du bus 29 en plein centre.

«Les gens sont très en colère», soulignait un peu plus loin Esteban, marchand de journaux. «À l'heure de pointe, la file pour prendre le bus est vraiment interminable».

L'Association syndicale des travailleurs du métro (gauche), qui regroupe quelque 2.500 employés, menace de poursuivre cette grève entamée samedi devant l'absence de réaction du maire de la capitale argentine, Mauricio Macri (Pro, droite).

«Il n'y aura pas de métro pendant longtemps si on ne reçoit pas une réponse rapide et concrète à nos revendications» salariales, a prévenu Nestor Segovia, responsable du syndicat.

Les travailleurs exigent une hausse salariale de 28%, alors que l'inflation annuelle est d'environ 25% dans le pays, selon les économistes indépendants. «Personne ne nous a appelés pour négocier», s'est encore plaint M. Segovia.

Mardi matin, plusieurs milliers d'usagers se sont rendus à leur travail à pied ou à vélo, décidant d'éviter les files d'attente aux arrêts de bus et les embouteillages. En voiture, on pouvait mardi matin mettre un quart d'heure pour parcourir à peine cent mètres.

Buenos Aires compte 3 millions d'habitants, mais les jours ouvrables, 3 millions supplémentaires habitant en banlieue vont y travailler. Quelque 1,3 million de véhicules circulent en temps normal, dont 36 000 taxis et 9800 bus, selon les statistiques officielles.

Le gouvernement a cédé la gestion du métro en janvier à la mairie de Buenos Aires mais celle-ci a fait marche arrière, après avoir signé un accord de principe, en raison du manque de fonds pour faire face aux investissements dont le métro a besoin.

Le maire de Buenos Aires avait tout de même augmenté le prix du ticket de métro de 127%, passant de 1,10 pesos (30 cennes environ) à 2,50 pesos (65 cennes environ), avant d'annoncer qu'il refusait d'assumer la gestion du réseau.

Le métro de Buenos Aires, le premier ouvert en Amérique latine -créé en 1913- compte aujourd'hui 56,7 km de lignes et relie la capitale a sa grande banlieue, où vivent 10 millions de personnes.