Cinq jours après l'accident de voiture qui a causé la mort du dissident cubain Oswaldo Paya, les autorités cubaines ont présenté vendredi un long rapport concluant à un simple accident dû à un excès de vitesse, sans impliquer un autre véhicule comme le suggéraient les proches de la victime.

«Le manque de contrôle du véhicule, l'excès de vitesse et un mauvais freinage dans une zone au revêtement en mauvais état à cause de travaux sont les causes de ce tragique accident», affirme un communiqué du ministère cubain de l'Intérieur citant trois témoins oculaires de l'accident et les rapports de plusieurs experts.

Le rapport cite également le témoignage de l'Espagnol Angel Carromero qui conduisait le véhicule, ainsi que celui du Suédois Jens Aron Modig qui se trouvait assis à l'avant de la voiture de location.

Les deux Européens, deux hauts responsables des mouvements de jeunesse de partis conservateurs de leur pays et tous deux âgés de 27 ans, ont été légèrement blessés dans l'accident. L'Espagnol était toujours vendredi en garde à vue à Bayamo (sud-est de Cuba), où l'accident s'est produit, tandis que le Suédois se trouvait à La Havane retenu par les services d'immigration.

Outre Oswaldo Paya, un des plus célèbres opposants cubains, un autre dissident cubain, Harold Cepero, militant du mouvement chrétien Libération fondé par Paya en 1988, a trouvé la mort dans l'accident. Les deux hommes étaient assis, sans ceinture de sécurité, à l'arrière du véhicule, directement sous l'impact d'un arbre contre lequel s'est écrasée la voiture, souligne le rapport officiel.

«Angel Carromero a déclaré aux enquêteurs qu'il ne se rappelait pas avoir vu la signalisation indiquant l'état de la chaussée. Il a ajouté qu'il est entré dans cette section de route en travaux à une vitesse qu'il n'a pas pu préciser car il n'a pas regardé le compteur, qu'en arrivant sur les gravillons, il a tenté de ralentir en freinant brusquement et que l'auto a commencé à glisser sur le côté jusqu'à percuter un arbre», affirme le rapport du ministère.

«Jens Aron Modig a déclaré qu'il était endormi lorsqu'il a senti le freinage et la glissade latérale du véhicule et qu'il avait ensuite perdu connaissance», ajoute le texte.

Le rapport cite également les témoignages de trois Cubains qui circulaient sur cette portion de route dont le revêtement avait été abrasé en vue de sa réfection au moment de l'accident. Les trois témoignages font état d'une vitesse importante, puis d'une perte de contrôle du véhicule.

Selon les expertises réalisées par les autorités, la Hyundai Accent louée par l'Espagnol circulait «à une vitesse supérieure à 120 km/heure» sur cette portion de route où la circulation est limitée à 60 km/heure.

«L'enquête et le processus d'instruction pénale conforme aux lois cubaines se poursuivent», conclut le rapport du ministère de l'Intérieur.

Les enfants d'Oswaldo Paya et d'autres opposants avait mis en doute la version officielle initiale d'un simple accident et avaient évoqué la possibilité que la voiture dans laquelle se trouvait le dissident aurait pu être victime d'une agression de la part d'un autre véhicule cherchant à la faire sortir de la route.

La mort du dissident cubain, qui avait accédé à la notoriété internationale en 2002 en présentant au Parlement cubain un projet de référendum sur les libertés fondamentales, avait soulevé une vague d'émotion au sein de l'opposition cubaine où il jouissait d'un grand prestige, et jusqu'à Washington, où la Maison Blanche a demandé mercredi une enquête «approfondie et transparente» sur les causes de sa mort.